S.O.S. Bonheur Saison 2 - tome 1
de Stephen Desberg (Scénario), Griffo (Dessin)

critiqué par Le rat des champs, le 25 novembre 2017
( - 73 ans)


La note:  étoiles
Attention, chef d'oeuvre
Il y a presque 30 ans, Jean Van Hamme signait ce qui restera sans doute considéré dans l'histoire du neuvième art comme un de ses chefs d'oeuvre, sans oublier bien sûr le "Grand pouvoir du Schninkel", à savoir la première saison de "SOS Bonheur". Cette oeuvre magistrale avait été considérée à l'époque, et elle l'est toujours, comme prophétique, inquiétante, extrêmement bien conçue, habile, et dessinée de main de maître par l'excellent Griffo.
En trente ans, la société a considérablement changé, et les préoccupations du scénariste à cette époque peuvent paraître presque puériles face à celles d'un observateur de notre époque.
Desberg réussit à se couler parfaitement dans cette ambiance digne d'Huxley et de son "Meilleur des mondes" pour nous livrer une série de nouvelles plus qu'inquiétantes, mises au goût du jour, et très en phase avec l'actualité et les dérives possibles de celle-ci dans les années qui viennent.
On n'a plus affaire seulement à une société qui veut impérativement organiser un bonheur tyrannisant la population, mais Desberg a l'intelligence de mettre en scène des dérives sociétales actuelles, notamment la tolérance zéro, le révisionnisme, la dictature du néo-libéralisme et de l'économie triomphante, le mépris de la vie des autres et le racisme.
Curieusement, les costumes des personnages et les décors, les voitures évoquent les années cinquante, je me demande pourquoi. Le dessin est somptueux et cette nouvelle collaboration entre Griffo et Desberg, survenant après l'extraordinaire série "Sherman" est, à mon avis, appelée à marquer l'histoire de la bédé, plus encore que la première saison, scénarisée par Jean Van Hamme. Un deuxième tome est annoncé et évoqué dans l'album. Sera-t-il aussi désabusé ou apportera-t-il un peu d'espoir? C'est parfois dur d'attendre la suite d'une série, surtout quand elle est aussi palpitante.
Du tout, tout grand art.