Bons baisers de New York
de Art Spiegelman

critiqué par Sahkti, le 15 mai 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Pas de censure
"Art Spiegelman est une quadruple menace, unique en son genre : c'est un artiste qui dessine et peint, un caméléon qui peut parodier et embellir tous les styles picturaux, un écrivain qui s'exprime avec des phrases vivantes et acérées, et un provocateur qui a un don pour l'humour le plus sauvage et le plus ravageur. Mêlez tous ces talents, mettez-les au service d'une profonde conscience politique, et vous aurez un homme capable de marquer fortement le monde. C'est précisément ce que, pendant dix ans, Art Spiegelman a fait au New Yorker" (Paul Auster, préface de l'ouvrage)

Art Spiegelman a quitté le New Yorker, pour lequel il travaillait depuis dix ans, suite à un différend avec son rédac’chef à cause de "The Tower Twins", une caricature de l’Amérique dans laquelle il pastichait l’Oncle Sam arrosant ses neveux de pétrole (Der Elixir von Gott) et les faisant brûler en les regardant d’un air goguenard. Dix ans de collaboration avec le New Yorker, un journal pourtant qualifié de bourgeois et bien-pensant dans le milieu, que Spiegelman n’hésitera jamais à chatouiller avec des couvertures dérangeantes. Toute l’actualité y passe, les prises de position américaines ne sont pas épargnées, l’Amérique tout court non plus. Certains dessins ont fait le tour du monde, comme lors des pourparlers Arafat-Netanyahou en 1996 avec une colombe se noyant dans une mare de sang en forme d’étoile de David. Devant la crainte de plus en plus grande du New Yorker, soumis à d’intenses pressions et l’exigence de soumettre ses dessins au responsable éditorial, Spiegelman a préféré claquer la porte. En nous laissant ce récit qui raconte cette aventure intéressante avec un regard très acide sur les médias américains de plus en plus frileux. Et la richesse de ses commentaires à propos de chaque couverture du New Yorker dessinée par lui.