Tango - tome 1 - Un Océan de pierre
de Matz (Scénario), Philippe Xavier (Scénario et dessin)

critiqué par Septularisen, le 12 novembre 2017
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
Moins il y a de gens au kilomètre carré, et moins il y a de cons et de nuisibles… C’est mécanique…
John Tango est un expatrié qui depuis quatre ans mène une existence tranquille et sans histoires en Bolivie dans un petit bled perdu de la Cordillère des Andes. Il s’est tout doucement fait accepter par la population locale, qui le considère comme un gringo un peu farfelu, il est vrai aussi qu’il n’hésite jamais à donner un coup de main à gauche à droite.

Il n’exerce pas de métier, mais il a beaucoup d’argent et n’a que deux passions, la jeune et jolie veuve Augustina avec qui il a une relation disons des plus «torride», et le jeune Diego, le fils de son voisin, qu’il considère un peu comme son jeune frère et avec qui il fait de longues balades à cheval dans l’Altopiano Bolivien.

Un jour, alors qu’il vient juste de raccompagner le jeune garçon chez lui, il surprend trois bandits en train d’agresser Anselmo, le père de celui-ci. Sentant leurs vies en danger, Tango n’a d’autres choix que d’intervenir, il se débarrasse donc avec une rapidité et une dextérité stupéfiante des malfrats. Mais ce qu’il ignore encore, c’est qu’en faisant cela, il va déclencher tout une série d’événements imprévisibles, les uns pires que les autres…

Une fois n’est pas coutume, parlons tout d’abord des dessins vraiment fabuleux de M. Philippe XAVIER (*1969), aidé il est vrai par les magnifiques couleurs – ne ratez pas les nuances de bleus du ciel bolivien -, de M. Jean-Jacques CHAGNAUD. Et aussi par un découpage des plus originaux et dynamiques, p. ex. Pg 36, on voit les douilles des balles tirées par les protagonistes, se présentent en « surimpression », comme en 3D par rapport aux dessins de la planche (l’expérience des comics américains qui refait surface?). Effet stupéfiant garanti!
Les dessins de M. XAVIER donc, sont incroyables! Et si les visages des personnages présentent parfois de légers défauts, les paysages eux sont à vous donner envie d’aller dans la cordillère des Andes ! On sent le vécu (Philippe XAVIER a passé une partie de sa vie en Argentine et au Chili…), mais cela ne s’arrête pas là, les dessins des scènes en mer sont tout aussi beaux, le désert de sel est dessiné comme si on « y était » et même les villes, portant si difficiles à « appréhender » sont ici rendues de manière époustouflante! Voir p. ex. Pg. 64, la représentation de la très célèbre Place de Mai de Buenos Aires.
Par contre si les dessinateurs pouvaient «s’enlever» cette mauvaise habitude, absolument pas réaliste de représenter les personnages dans les mêmes habits, durant toute une BD, franchement leurs histoire gagneraient en réalisme!
M’enfin, John Tango porte le même blouson et les mêmes lunettes de soleil, de son arrivée en Bolivie à la fin de l’histoire, quatre ans après! Mario Borgès porte la même veste, la même chemise et le même chapeau six jours et deux pays durant! Vous avez dit pas très crédible?

Le scénario d’Alexis « Le Tueur » MATZ (*1967, de son vrai nom Alexis NOLENT), et du même Philippe XAVIER, est bien ficelé, bien que présentant quelques erreurs évidentes dans la véracité de l’histoire. Je dois dire aussi que les scènes d’action sont mal «amenées», et loin d’être réalistes, mais bon que vouloir de plus si l’on admet que c’est une sorte de Western des temps modernes? Rien à redire donc, si ce n’est qu’il est d’un classicisme désespérant! C’est vraiment l’histoire du «beau gosse» aux yeux bleus plus ou moins redresseur de torts, qui a un lourd passé derrière lui et qui se cachant dans un petit village, a plus ou moins refait sa vie loin de la violence…
Et puis, un jour, en intervenant pour sauver un ami, il révèle plus ou moins sa personnalité enfuie… Les médias en parlent et sa véritable identité est révélée à ses anciens complices, qui comme par hasard ont vu le flash d’actualités, et comme par hasard veulent toujours sa peau, et bien sûr ils le retrouvent tout de suite…
Bon, ce pitch là je l’ai vu maintes fois, notamment dans la BD «A History of Violence», de John WAGNER et le film qui en a été adapté, en 2005, par David CRONENBERG avec Viggo MORTENSEN dans le rôle principal.

On voit aussi de très (trop?) loin se présenter la suite de l'histoire. Je vous parie que dans le(s) prochain(s) épisode(s) on va revoir Carmen l’ex de Tango, bien que celui-ci l’a abandonnée à une mort lente et certaine au milieu du désert de sel! Mais aussi Augustina, l’actuelle petite-amie de Tango, bien qu’elle l’ait envoyé au diable! Ou encore qu’il va plus ou moins s’associer avec Mario Borgès le détective privé, dans un duo des plus improbables, avec l’homme d’action (Tango) et le compère plus âge et plus sage, moustachu et ventripotent, et bien sûr, plus un as de la gâchette, que du 110 mètres haies…Rappelle toujours rien? P. ex. la série télévisée « Raven » avec Jeffrey MEEK et Lee MAJORS? Encore du "déjà vu" donc…

En conclusion je dirais que c’est beau, prenant, sobre, rapide, bien amené… Classique mais efficace! Je reste toutefois à attendre le tome II du diptyque pour avoir une vue d’ensemble et pouvoir juger définitivement de la valeur de cette nouvelle série…
Classique mais réussi 7 étoiles

Même si cette BD ne brille pas par son originalité, j’ai trouvé les dessins sympas et le héros charismatique. En bonus, les décors boliviens donnent à l’ensemble un petit côté western très agréable. C’est donc une bonne entrée en matière pour Tango dont je lirai probablement les prochaines aventures.

Kabuto - Craponne - 63 ans - 15 août 2018