Yaak Valley, Montana
de Smith Henderson

critiqué par Monocle, le 6 novembre 2017
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
Dans la nuit du Montana
Le YaaK c'est une forêt sombre, un ensemble de collines déboisées, de tertres boueux où s'empêtrent des racines noueuses comme des balafres sur la terre meuble. Nul ne peut se vanter en connaître tous les coins et recoins, aucune carte ne cartographie l'ensemble.
Peter est assistant social dans ce coin reculé du monde. C'est lui qui gère quand des enfants sont "oubliés" dans ce monde perdu du nulle part... les gosses paumés sont pour lui ! Ainsi va l'Amérique.
En matière de déviance sexuelle plus rien ne l'étonne. Nymphomanie, satyriasis, pédophilie, coprophilie, scatologie... et le reste. Pas une forme de paraphilie qu'il n'ait croisé sur sa route à un moment où à un autre.
Un jour par hasard il rencontre ce drôle d'enfant taiseux, en guenilles. Son père n'est pas loin, il se nomme Jeremiah Pearl. Une espèce d'illuminé solitaire, persuadé du grand complot qu'il explique à coup de citations bibliques. Le dollar, la télévision, la police, les autres sont autant d'ennemis. Lui et l'enfant vivent de la chasse, de la pêche et du silence.
Peu à peu Peter s'introduit dans le secret des Pearl. Mais la méfiance du père ne s'ébranle pas facilement, de temps en temps un fragment de leur vérité se laisse apercevoir.
Peter vit aussi son drame personnel, la femme qui l'a quitté, sa fille Sarah, adolescente qui a fugué et qui demeure introuvable.

Yaak Valley, Montana est le premier roman de Smith Henderson. Au début, un peu touffue la lecture devient vite démoniaque. Une ambiance extraordinaire qui happe le lecteur. Après le découragement des cinquantes premières pages on entre dans le vif du sujet.

La littérature américaine offre des trésors incroyables et Yaak Valley en est assurément un.
Bravo pour ce tout grand roman.