Améliorer son cerveau
de Michel Le Van Quyen

critiqué par Colen8, le 4 novembre 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Pas seulement des promesses
Des techniques issues des neurosciences plus avancées que la stimulation électrique profonde déjà utilisée dans la maladie de Parkinson apparaissent à toute vitesse, dont la stimulation magnétique transcrânienne (SMT) et la stimulation électrique transcrânienne directe (tDCS). Elles agissent sans implantation chirurgicale au moyen d’un casque muni d’électrodes externes alimentées par un courant faible pour moduler dans un sens ou dans l’autre l’activité des neurones. Pour autant que soient conduites des études cliniques sur la durée ce qui est encore loin d’être le cas, la tDCS s’ouvre à un large champ d’applications : restauration des facultés cognitives après un AVC, apprentissage accéléré de tâches motrices complexes, stimulation de la créativité, réduction de la fatigue musculaire, traitement de la douleur chronique ou de la dépression…
Fruit de ces recherches sur la plasticité du cerveau et des applications du big data, pléthore d’appareils arrivent sur le marché du bien-être pour un meilleur potentiel physique ou mental. Conçus par des start-up souvent sous la forme d’un simple bandeau ou d’un casque munis de capteurs, technologies en soi non invasives, ils promettent monts et merveilles sans être nécessairement passés par une quelconque validation des instances médicales ni des autorités de santé. Les suivants ont été retenus par cet ingénieur de formation(1) devenu directeur d’un groupe de recherche à l’ICM(2) spécialisé dans l’étude du sommeil d’une part, la détection et le traitement de l’épilepsie d’autre part :
- Halo Neuroscience stimulant l’explosivité musculaire, activé et régulé par smartphone, est de nature à intéresser les athlètes de stature olympique
- Thync, activé et régulé aussi par smartphone est un dispositif de contrôle de l’humeur
- Focus, vise à améliorer les performances en matière de jeux vidéo
- Le vieux principe du neurofeedback est utilisé par Melomind de myBrain Technologies, et par Mensia Technologies, deux start-up françaises pour l’une induire un état de relaxation en émettant de la musique, pour l’autre agir à domicile sur le TDAH(3)
- Muse, bandeau connecté de la société canadienne InteraXon, apprend à entrer en méditation avec tous les effets positifs qui en découlent sur le stress et la santé en général
- Cybertonics propose l’équivalent d’un pacemaker agissant sur le nerf vague le long du cou afin de réguler l’humeur et soigner les troubles dépressifs
- Dreem d’une start-up française est un bandeau enregistreur autonome agissant sur le sommeil profond par ondes acoustiques transcrâniennes ; les données à analyser sont transmises offline par smartphone le lendemain
Si d’un côté sont évoqués encore des dizaines d’objets connectés mesurant les paramètres physiologiques en dehors de tout circuit médical qui posent bien entendu la question des données personnelles et des effets à long terme, de l’autre il y a la puissance de l’interface direct cerveau-machine pour des actions purement mentales, l’efficacité de certains « serious games » destinés à entretenir l’agilité d’esprit des seniors en général, et pas seulement ceux que menacent les maladies neurodégénératives. Loin des Cassandre qui craignent des dérives tantôt de type Frankenstein tantôt vers le transhumanisme, Michel Le Van Quyen reste optimiste. En savoir plus sur le fonctionnement interne du cerveau devrait permettre de progresser dans la connaissance de soi et celle des autres, un objectif somme toute raisonnable.
(1) Sup Telecom Bretagne ayant opté pour la recherche
(2) Institut du Cerveau et de la Moelle épinière à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière
(3) Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité