La Beauté dans le cerveau
de Jean-Pierre Changeux

critiqué par Colen8, le 3 novembre 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Art, science, neuroscience et plus encore
Sous le titre de cet ouvrage à la présentation élégante et soignée, abondamment illustrée, sont assemblés des textes culturels parus souvent à l’occasion d’expositions ou de conférences durant ces 25 dernières années. Ils ont en commun un rapprochement voulu de l’art et de la science, pratiques longtemps confondues dans une même activité de l’esprit jusqu’à l’époque romantique, comme l’affirmait le peintre du XIIe Le Brun. Le cerveau, ce continent encore pour partie inconnu livre peu à peu des secrets : par l’étude des propriétés physico-chimiques des neurotransmetteurs, par leurs interactions avec les cellules dans les réseaux cérébraux, par l’imagerie fonctionnelle (IRMf) montrant l’activation des structures instaurée par telle ou telle tâche. En se prêtant à une meilleure connaissance du lien entre perception sensorielle et conscience, en livrant leurs témoignages et leurs expériences d’explosion des circuits de récompense lors de créations pour les uns, de découvertes pour les autres, artistes, scientifiques, adeptes de la méditation, consommateurs de drogues ou de psychotropes y contribuent chacun pour sa part.
Le jeune enfant de 11 ans orienté vers la science dès le lycée par un professeur de biologie clairvoyant puis via Normale Sup’ est devenu ce neurobiologiste cherchant à percer les mystères du cerveau et de la pensée, ce professeur honoraire au Collège de France, cet écrivain prolixe, ce passionné collectionneur d’art et critique s’adressant à tous les publics. Quand il perçoit dans la peinture de Watteau des mélodies de couleur, dans la musique baroque de Couperin ou les compositions à l’orgue de Jean Guillou des notes colorées il en déduit une universalité de l’esthétique. Celle-ci serait le fruit de l’évolution darwinienne du genre humain au sens biologique et mental du terme depuis les premiers silex, suivie par l’art pariétal présent sur tous les continents. Les émules de la double philosophie du beau et de la connaissance qui se sont succédé depuis Platon, Galien, Vésale, Léonard de Vinci, Dürer, Ambroise Paré pour ce qui a trait à l’anatomie et à la médecine sont rejoints par Jean-Pierre Changeux quand il souhaite renforcer la branche des neurosciences de l’art.