Histoire de la Piraterie
de Philip Gosse

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 1 novembre 2017
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Des histoires de pirates
Ce livre a la prétention de raconter toute l’histoire de la piraterie depuis l’antiquité jusqu’à la fin de la piraterie avec l’avènement des bateaux à moteur, de l’aviation, de la radio, etc...
Mais on comprend tout de suite la difficulté de l’entreprise : le destin du pirate, quand il survit à ses exploits, est la potence ; ou, dans des cas rarissimes, la disparition fortune faite, dans le plus strict anonymat. Jamais un pirate n’a raconté sa vie. Si bien que ce livre aurait dû s’intituler : Des histoires de Pirates, plutôt que : Histoire de la Piraterie. En réalité, c’est un recueil des aventures de quelques-uns des pirates les plus célèbres.

On s’amuse en lisant ce livre comme on s’amusait à la lecture des bonnes histoires de l’oncle Paul dans le Spirou hebdomadaire.
Personnages étranges que ces pirates ! Ça va de celui qui recommande son âme à Dieu avant de commettre les pires atrocités, à celui qui met un point d’honneur à se battre en duel avec le capitaine du bateau capturé, comme le héros des films cow-boy à la dernière séquence ; et puis il y a celui qui, en galant homme, respecte les femmes et les renvoie sur un bateau dans leur foyer, ou celui qui, pris de pitié, soigne les esclaves capturés et les relâche sur une île déserte. Mais, même si le plus misérable des matelots pouvait devenir en quelques minutes l’homme le plus riche du monde, tous avaient en commun le goût de l’aventure beaucoup plus que l’appât du gain.

Ce livre est un récit de crimes abominables mais les crimes des vaillants aventuriers qu’étaient les pirates, les corsaires, les flibustiers et autres boucaniers, sont de nature vraiment particulière. Ces marins étaient des voleurs et des assassins, certes, mais ils devaient toujours faire preuve d’un courage exemplaire et de connaissances parfaites dans l’art de la navigation. Un chef pirate devait être capable de manœuvrer son navire dans les tempêtes et dans les combats, de faire route, malgré les avaries, la faim, les maladies, jusqu’à un problématique port de refuge. Il devait arbitrer les querelles entre ses hommes et débusquer les traîtres et les mutins qui complotaient contre sa vie. Il était le seul maître à bord après Dieu. Il devait rendre la justice et exécuter les peines avec une implacable fermeté.

L’auteur nous dit que «  les hommes de cette trempe sont rares et peu de professions respectables peuvent faire état de personnalités plus marquantes que celles que l’on rencontre à la cime de l’arbre des pirates ». C’est un bel hommage que je trouve justifié : si ces hommes n’avaient pas été des criminels, ils se seraient imposés au respect de tous.
Leurs aventures sont toujours captivantes. Elles vous précipitent à la conquête de trésors inouïs sur des océans hostiles, dans des tempêtes, des batailles navales, des abordages à coup de sabres et de mousquets… et toutes ces histoires sont authentiques et merveilleusement racontées. Un excellent livre qui raconte des histoires fabuleuses, pas toujours édifiantes, mais toujours passionnantes.