La comtesse Greffulhe : L'ombre des Guermantes
de Laure Hillerin

critiqué par Veneziano, le 29 octobre 2017
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
La mécène qui inspira la duchesse de Guermantes
Elisabeth de Caraman-Chimay, descendante d'une grande famille aristocrate, est réputée pour sa beauté et son élégance aérienne, avoisinant l'impression de divinité. Aussi épouse-t-elle le comte Greffulhe, jeune parti fort en vue dans le gratin qui s'avère fort vite très infidèle. Elle profite de sa notoriété pour se faire mécène musicale, promouvant ses contemporains, comme Wagner et Berlioz, et donne des représentations dans sa résidence de la rue d'Astorg, dans le VIIIème arrondissement. Son mécénat a également porté dans les découvertes scientifiques, au point d'aider Edgar Branly, Pierre et Marie Curie dans leurs recherches. Ses relations politiques, notamment avec plusieurs Présidents de la jeune IIIème République, lui permettent une entremise qui leur devient fort utile.
Elle marque la haute société du tournant des XIXème et XXème siècles, ... au point d'influencer Marcel Proust qui s'en inspire pour le personnage de la duchesse de Guermantes d'A la recherche du temps perdu. Il tombe sous l'influence de son habituelle aura et la croise au mariage de sa fille, car il en connaît fort bien le gendre, Armand de Gramont, duc de Guiche. Ils ne se côtoient que peu, et aussi passe-t-elle à côté de l'écrivain, qu'elle ne lit pas, alors qu'elle s'avère être richement lettrée. Ce n'est que postérieurement, par le ouï-dire, qu'elle apprend avoir été retranscrite presque fidèlement dans cette oeuvre-fleuve.
Cette belle biographie montre que les aristocrates peuvent être autre chose qu'une caste inutile, qu'ils participent au financement de grands projets culturels et scientifiques. Aussi ce personnage a-t-il marqué par sa personnalité et son style, au point d'être immortalisé par le truchement d'un personnage de fiction, ce dont relate la dernière partie du livre. Ce dernier en apprend donc beaucoup et paraît beaucoup moins superficiel et fantaisiste qu'il pourrait en avoir l'air au premier abord. Il est donc à conseiller.