Le crépuscule des idoles progressistes
de Bérénice Levet

critiqué par Colen8, le 19 octobre 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Le crépuscule des idoles progressistes
Fille de baby-boomers engagés dans la mutation de la société post-soixante-huitarde Bérénice Levet en a pris délibérément le contre-pied. Elle clame son attachement aux principes qui fondent la pensée conservatrice qu’elle ne veut surtout pas voir qualifiée de réactionnaire, tout en sachant qu’aucun retour arrière n’est possible. Accompagné entre autres par les écrits de Simone Weil, Hannah Arendt, Alain Finkielkraut, Michel Houellebecq, Christophe Guilluy son essai dénonce le délitement de la puissance nationale ébranlée par les assauts convergents de la pensée progressiste et du néolibéralisme venus du monde anglo-saxon, activement relayés tant par les instances européennes que par nos dirigeants politiques droite et gauche confondues. Au modèle français unique ayant pour objectif l’assimilation de tous ses ressortissants se sont insidieusement substitués, selon elle, celui plus laxiste de l’intégration économique et sociale puis celui de l’inclusion consistant seulement à cohabiter sans heurts. Au quotidien cela s’est traduit par la valorisation du relativisme culturel au détriment des grandes œuvres de la pensée et de l’art, par l’abandon de la volonté d’éduquer les enfants dans le but de les former à l’esprit critique avant d’en faire des sujets purement économiques, par le laxisme à l’égard des communautarismes cherchant à imposer leurs propres codes au nom du droit à la différence. Quant à ce que l’avenir nous réserve, n’est-ce pas à chacun de le forger ?
Ok Boomer 7 étoiles

L'Idéologie progressiste issue des événements de 1968 a été portée par la génération des baby-boomers, nés après guerre et qui dans une volonté de se débarrasser du monde ancien, du poids de l'histoire et de construire un monde et un homme nouveaux, ont tout tenté pour modifier les cadres sociaux et sociétaux qui régissaient jusqu'alors les rapports entre les individus.
Nous n'avons pas fini de mesurer combien cette révolution (non pas politique mais sans doute plus profonde car elle touche les "mentalités", la psychologie profonde des individus) a ravagé l'Occident et continue de le faire. L’idéologie du progrès que Bérénice Levet défini assez précisément dans son ouvrage, a été soutenue voire inspirée par les intellectuels français tels que Foucault, Derrida, Bourdieu,... pour lesquels il était important de "déconstruire" les ressorts gérant les rapports entre les membres de la société française. Les élites intellectuelles opérant un magistère sur la vie intellectuelle des années 70-2000 ont fait main basse sur l'Ecole (mais plus encore sur les media, sur l'Université, sur l'Entreprise, sur tout l'appareil d'Etat, leur domination est hégémonique). L'auteur semble penser que cette domination est désormais arrivée à un terme; même si nous voyons se perpétuer cette domination, les peuples ne sont plus dupes et l'année 2015 avec les attentats et la crise des migrants se révèle être un moment charnière vers un retour vers une idéologie centrée sur les valeurs fondamentales qui ont permis de bâtir les sociétés occidentales et notamment émerge l'idée de réformer l'Ecole afin de mettre en avant la transmission sans laquelle l'individu, sans passé, sans repère n'est qu'un agent économique sans véritable substance et ce faisant sans identité.

Vince92 - Zürich - 46 ans - 24 janvier 2020