Les enfants verts
de Olga Tokarczuk

critiqué par Septularisen, le 16 octobre 2017
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
VOYAGE A LA RECHERCHE DE L’AUTRE...
Printemps 1656, William Davisson, botaniste écossais originaire d’Aberdeen, francophone et francophile est pour l’instant reconverti comme médecin particulier du roi polonais Jean II CASIMIR VASA (1609-1672). Il suit le monarque dans un long périple à cheval entre le Grand-Duché de Lituanie et la ville de Lvov dans le Sud de la Pologne. Le roi se rend dans cette ville afin d’aller prier la Vierge Marie à qui on rend là un véritable culte, pour le salut de son pays. En effet celui-ci est véritablement pris en étau par des envahisseurs, à l’Ouest les troupes protestantes suédoises du roi Charles-X GUSTAVE (1622-1660) et à l’Est les forces Cosaques et Tatares, alliées aux russes.

Le rôle du médecin est de soulager le roi de ses crises de goutte et de soigner son esprit bien trop mélancolique. Esprit scientifique et fin observateur, il profite aussi de ce voyage pour étudier les plantes et les mœurs du pays qu’il traverse, mais il souffre terriblement des rudesses climatiques de la Pologne et il a la nostalgie de la France et de la cour du roi Louis où il a passé de nombreuses années.

Un jour, lors d’une halte dans le domaine d’un seigneur local, alors qu’ils se livrent à une partie de chasse dans les bois, les soldats de la garde du roi capturent deux enfants, un petit garçon et une jeune fille. Les deux ont un physique inhabituel, ils sont couverts de boue, chétifs, petits, souffrent de malnutrition, ne parlent pas, sont vêtus d’un morceau de toile déchirée et surtout leur peau et leurs cheveux filasse et inextricables présentent un aspect… Légèrement vert!

«Les enfants verts» est plus une longue nouvelle, - sous forme de conte philosophique -, qu’un véritable roman. Le livre fait moins de 90 pages et d’une écriture facile, et se lit en quelques heures. Le récit mêle ici, très habilement je dois dire, réalité historique et conte fantastique. C’est surtout une longue réflexion sur la perception que nous avons des autres, notamment de ceux qui nous sont différents, qui ont d’autres croyances que les nôtres et de ceux vivent en marge de notre société.

Dommage que le tout soit si court et ne permette pas vraiment à l’auteur d’exprimer son formidable talent de conteuse et au lecteur de bien découvrir sa formidable écriture. On reste un peu sur sa faim à la toute fin du récit, mais je suppose que l’atmosphère de mystère, de non-dits et de fin non aboutie est volontairement voulue par l’auteur.

Rappelons qu’Olga TOKARCZUK (*1962) a gagné à deux reprises le « Prix littéraire Nike » désignant le meilleur livre polonais de l’année en 2008 avec « Les Pérégrins » et en 2015 avec «Les Livres de Jacob ou Le Grand Voyage à travers sept frontières, cinq langues et trois grandes religions, sans compter les petites», son nom a déjà été cité à de nombreuses reprises pour le Prix Nobel de Littérature.