Les petits vieux d'Helsinki mènent l'enquête
de Minna Lindgren

critiqué par Septularisen, le 16 octobre 2017
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
«Döden, döden, döden »*
Bienvenue en Finlande, à Helsinki plus précisément et encore plus précisément à la maison de retraite du «Bois du Couchant», afin de faire la connaissance de deux sympathiques «mamies», pardons disons plutôt «vieilles dames», j’ai nommé Siri Kettunen 94 ans et Irma Lännenleiumu 92 ans

Nos deux vaillantes nonagénaires n’ont pas grand-chose à faire de leurs journées, en effet leurs familles sont loin, leurs époux, fils et amis décédés, et comme le dit Irma, il ne leur reste qu’à «attendre la mort»…

Un curieux événement va pourtant bouleverser cette tranquille routine. Olavi Raudanheimo l'ancien combattant aujourd’hui cul de jatte, prétend avoir été violé par le personnel soignant sous la douche! Son ami Reino, surnommé «le prote», se voit confiné au «Foyer collectif» (en fait le service de démence…), lorsqu'il dénonce le scandale au cours d’une partie de cartes. Tero Lehtinen, le jeune cuistot de la maison de retraite, est retrouvé pendu dans sa cuisine et Pasi l’assistant social, son ami a disparu! A tout cela s’ajoute - entre autres -, des facturations abusives, parfois pour des services et des soins non réalisés, des intrusions dans les appartements des résidents, la disparition de dossiers médicaux ou d’objets et même les traitements de certains résidents modifiés sans prescription du médecin!

Pour Sirii et Irma, il n'y a aucun doute : quelque chose de louche se trame au sein de l'administration de la résidence et elles décident donc d’enquêter. Irma n’hésitant d’ailleurs pas à déposes plusieurs plaintes auprès des autorités compétentes! Ce qui lui vaut, après un soi-disant "accès de folie", d’être transférée manu militari au «Foyer collectif»! C’est en trop pour notre chère Siri, qui malgré son grand âge et tous les «bobos» qui vont avec, décide coûte que coûte et vaille que vaille de sortir son amie du «Foyer collectif», et pour cela elle appelle à l'aide une autre locataire du «Bois du Couchant », Anna-Liisa Petäjä… 93 ans !...

Bon, disons-le tout de suite, n’est pas Aarto PAASILINNA qui veut, et en littérature burlesque finlandaise, c’est bien toujours lui la référence! Car, bien qu’ayant connu un vif succès en Finlande, et bien que positionné avant tout sur le "cocasse", comme l’autre grand auteur finlandais, la saga des «petits vieux» est d’un tout autre acabit, et manque singulièrement de souffle, d'ampleur! Tout se déroule ici très lentement, (forcément vu l’âge des protagonistes…), et au même endroit. Du coup le récit (et ne parlons pas de l’action...), s’en ressent. Et bien que vendu parfois comme tel, ce livre est tout, sauf un polar!

Oui on rit de bon cœur de temps en temps, mais parfois aussi on rit jaune! L’auteur n’hésitant pas en effet à épingler, tous les «défauts» de la société moderne envers leurs aïeuls. On aura p. ex. ainsi droit (entre autres…) à la famille qui préfère voyager aux quatre coins du monde, plutôt que d’aller voir leurs parents, et qui attend avec impatience le jour du décès pour récupérer au plus vite ce qui peut encore l’être, ou encore les maltraitances faites aux personnes âgées dans les structures d’accueil, l’abus de faiblesse sur des personnes n’étant plus en état de se défendre … On retrouvera aussi des «thèmes» plus classiques, comme la mort de tous les proches, les difficultés physiques ou intellectuelles, le décalage avec le monde moderne et sa technologie etc. Toutefois, le tout est traité avec beaucoup de bienveillance et de tendresse et une bonne dose d'autodérision de la part de l’auteur...

Le livre a par contre le grand mérite de nous faire voyager en long et en large dans cette ville d’Helsinki que l’auteur semble connaître comme sa poche, et elle n’hésite pas à nous en raconter l’histoire et à nous en présenter les monuments emblématiques, au cours des nombreuses pérégrinations de Siri en tram. Je dois avouer avoir trouvé cela très intéressant, aussi parce que parfois les commentaires de la «vieille dame» vont parfois complètement à l’encontre de tous ceux communément admis sur les monuments de la capitale finlandaise…

Je termine ce premier donc ce premier tome sur un avis plutôt mitigé. Je me laisse donc jusqu’à la fin de la lecture du deuxième volume des «petits vieux» pour me faire une opinion plus tranchée!...

(*) : En suédois : «La mort, la mort, la mort.» qui dans le livre est la phrase préférée d’Irma.