Underground Railroad de Colson Whitehead

Underground Railroad de Colson Whitehead
(The Underground railroad)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Frunny, le 15 octobre 2017 (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 962ème position).
Visites : 4 440 

Un train pas comme les autres !

Colson Whitehead (1969- ) est un romancier américain.
Lauréat du prix Pulitzer de littérature 2017 et du National Book Award pour son roman, "The Underground Railroad".

XIX ième siècle, état de Géorgie, une plantation de coton dirigée par la famille Randall et exploitée par des esclaves noirs africains.
"Des corps volés qui travaillaient une terre volée.C'était une locomotive qui ne s'arrêtait jamais, dont la chaudière avide se nourrissait de sang."
Nous suivons Cora, une jeune esclave dont la mère -Mabel- est parvenue à s'évader, laissant tout derrière elle.
Mabel, seule esclave à être parvenue à échapper aux griffes du maître et des chasseurs.
Cette idée fixe ne quitte pas Cora qui -à son tour- tente sa chance, assistée par un réseau d'hommes et de femmes bien intentionnés, qui vont l'aider à rejoindre le Nord.
Un réseau qui a bâti des tunnels souterrains où circule le train de la liberté.

"Underground Railroad est un grand roman sur l'esclavage; fort, subtil, terrible et optimiste à a fois.
L'esclavage est le thème majeur mais c'est la nature humaine qui est plus largement dénoncée.
Celle des "progressistes et abolitionnistes" du Nord n'est pas épargnée.
Une oeuvre politique.
"Et l'Amérique est également une illusion, la plus grandiose de toutes. La race blanche croit, croit de tout son coeur, qu'elle a le droit de confisquer la terre.De tuer les Indiens. De faire la guerre. D'asservir ses frères. S'il y avait une justice en ce monde, cette nation ne devrait pas exister, car elle est fondée sur le meurtre, le vol et la cruauté. Et pourtant nous sommes là."

Une oeuvre forte portée par un discours pluriel et un style plaisant.
Seul regret; le personnage de Cora manque de relief, je ne m'y suis pas attaché plus que ça.
A lire néanmoins pour comprendre le socle sur lequel s'est bâti la société américaine moderne.

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Roman intéressant qui souffre cependant d'un manque d'originalité

6 étoiles

Critique de Dervla3012 (, Inscrite le 7 décembre 2019, 18 ans) - 28 février 2022

De quoi ça parle ?

États-Unis, XIXème siècle, l’esclavage bat son plein : Cora une jeune noire condamnée à la récolte du coton sur une plantation – où sa mère et sa grand-mère ont travaillé avant elle – a depuis longtemps arrêté de rêver à un futur meilleur. L’a-t-elle d’ailleurs jamais vraiment fait ? Sur la plantation, on raconte que sa mère Mabel est la seule esclave à avoir réussi à s’échapper sans jamais être retrouvée. Tout ce que sait Cora pourtant, c’est que sa mère l’a abandonnée, petite fille. Autrement dit, l’a livrée à elle-même. Comment tirer fierté de cet abandon ?

Puis un jour, un esclave de la plantation propose à la jeune fille de s’échapper avec lui : est-ce pure folie ? Un rêve délirant et inatteignable ? De plus, Cora est-elle sa compagne de voyage désignée pour ses qualités ou pour son aura de porte-bonheur légué par sa mère ? Alors que la folle course des deux comparses va se révéler de plus en plus difficile et semée d’embuches, une question persiste dans l’esprit de Cora : la chance de Mabel est-elle véritablement héréditaire ?

Mon avis :

C’est le premier roman de Colson Whitehead que je découvre, et je dois dire qu’après avoir entendu tant de personnes chanter les louanges de l’auteur, notamment à propos de Nickel Boys, je suis un peu déçue.

Ce n’est pas tant que le sujet de l’esclavage soit mal traité, irréaliste ou cliché, loin de là, mais j’ai eu l’impression qu’en fin de compte, tout retombait à plat. Quelques explications s’imposent afin de vous permettre de mieux saisir ma pensée.

Premièrement, les personnages. Ils ne sont pas marquants. Encore une fois, ce n’est pas qu’ils manquent d’intérêt, mais plutôt qu’ils sont dépourvus du petit quelque chose qui les rend remarquables et donc mémorables. Quelques mois seulement après l’achèvement de ma lecture, je ne me souviens que de Cora comme une jeune femme intelligente, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds ; mais je suppute que l’auteur lui avait envisagé une personnalité plus profonde. Il se trouve cependant que les contours de son caractère se sont très vite dilués dans ma mémoire. Et qui sait si dans un an je me souviendrais même de son nom, ayant déjà oublié la plupart des autres…

Maintenant, les péripéties : c’est peut-être qu’il y en a trop ou qu’elles sont mal agencées… Là encore je suis déçue. Si le lecteur prend un peu de recul pour contempler l’histoire dans son ensemble, il s’aperçoit qu’il n’est confronté qu’à des personnages opprimés qui tentent de s’échapper, se font rattraper, s’enfuient de nouveau et ainsi de suite. Au fond, c’est un schéma narratif passe-partout qui pourrait s’appliquer tout aussi bien à un groupe d’adolescents qu’à des aventuriers dans un roman de fantaisie.

À force d’escapades, de captures, etc., c’en devient redondant et même lassant. Bien que la structure soit agrémentée de nombreux détails plutôt intéressants et instructifs, notamment tout ce qui concerne les informations historiques concernant l’esclavage, l’ensemble quant à lui, manque d’originalité. Alors que je compose cette critique, je me rends compte que plusieurs pans de l’action se sont déjà effacés de ma mémoire : signe pour moi que quelque chose manque dans ce récit.

Pour finir, le contexte : pour le coup, et paradoxalement, le point positif de ce roman. On mesure sans mal toute la difficulté qu’il y a à composer une vraiment bonne histoire qui traite de l’esclavage – alors que nous-même (l’auteur y compris souvent) n’avons jamais connu cette période – sans tomber dans le pathos, le surfait et le « je te martèle mes morales bien-pensantes avec mes gros sabots ». Ici, c’est très bien maîtrisé par Colson Whitehead : j’ai découvert de nouveaux aspects historiques effrayants de cette terrible période : le remplacement des esclaves par une main-d’œuvre chassée d’Irlande par la famine, l’utilisation des esclaves comme des cobayes… En somme, un livre macabrement instructif.

En conclusion, ce que je retiens le plus de ce roman, c’est son portrait saisissant de l’esclavage. Mais la mise en place d’une structure originale a grandement manqué à l’ouvrage qui n’a pas réussi à me marquer autant qu’il l’aurait pu/dû.

Une lecture enrichissante et prenante.

8 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 40 ans) - 19 mars 2021

Underground Railroad est assurément un bon roman. J’ai particulièrement apprécié l'éclairage qu'il apporte sur ce côté méconnu de l'esclavage aux Etats-Unis, à savoir l'existence d'un réseau ferré clandestin qui a acheminé de nombreux fugitifs vers les Etats du Nord.
Comme bien souvent avec les Pulitzer, la qualité est au rendez-vous. Le roman se lit agréablement, l'histoire est prenante et nous tient en haleine. Bien souvent on se retrouve plongé au cœur de l’action et l’on vibre avec Cora et les autres personnages secondaires qui jalonneront cette histoire parsemée de drames.
Une lecture enrichissante et prenante.

Chemin de fer clandestin, … sans train

5 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 1 juin 2020

Ce roman fort et prenant évoque à travers l’histoire de la jeune Cora, l’histoire du « chemin de fer » clandestin qui, avant la guerre civile, fut organisé par des abolitionnistes avec le soutien de divers groupements.
Or, comment expliquer que l’auteur prend le nom de ce réseau au pied de la lettre, filière qui aurait permis à des dizaines de milliers d’esclaves de fuir vers le Nord, le Canada ou parfois vers le Mexique.

Car de chemin de fer souterrain, il n’a en réalité que le nom.

Cette métaphore prise pour argent comptant dessert complètement l’évocation de cette histoire, outre le fait que le lecteur est tantôt perdu, tantôt surpris par des évènements, ce qui mène à une confusion malheureuse dans le fil du récit.

En résumé, très bien d’évoquer cette histoire de l’Amérique peu glorieuse, mais pourquoi bâcler les choses en faisant fi de réalités élémentaires.

Et si rien n'avait changé ?

9 étoiles

Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 62 ans) - 1 mars 2020

"Underground railroad" de Colson Whitehead (416p)
Ed. Albin Michel

Bonjour les fous de lectures.....

Cora, à 16 ans, est une esclave sur la plantation de Géorgie. Sa mère, Mabel, s'est enfuie de la plantation, abandonnant sa fille et n'a jamais été retrouvée.
Cora survit à la violence de sa condition en se faisant la plus discrète possible, mais elle n'échappera pas aux sévices, au viol et au fouet.
Un jour, la jeune esclave décide de s'enfuir avec Caesar, un jeune noir qui a entendu parler des chemins de fer clandestins.
Ce récit raconte leur fuite à travers les états du sud dans les années 1850, espérant rejoindre les états du nord et la liberté.
Ceci est sans compter sur la ténacité de Ridgeway, un chasseur d'esclave dont la réputation n'est plus à faire.
La mère de Cora lui ayant échappé, il s'est juré de ne pas passer à côté de la fille.

A travers cette épopée,Colson Whitehead nous raconte l'esclavage qui a marqué l'histoire des Etats-Unis à la veille de la guerre de Sécession.
Aux faits historiques, il a ajouté une note d'imaginaire avec l'histoire de ces fameux souterrains qui auraient permis à de nombreux esclaves de trouver la liberté.

Mais les temps ont-ils vraiment changé ? L'Amérique a-t-elle su se débarrasser de ses problèmes raciaux ? que nenni !

Histoire captivante, narration fluide.
Sous ses airs de récit d'aventures, l'auteur soulève un grand nombre de questions et le lecteur refermera le livre l'esprit songeur.
A la fois éclairant et dérangeant, une belle réussite.

Prix largement mérité

Ignominie

8 étoiles

Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 76 ans) - 8 janvier 2020

Nous sommes au XXIe siècle et il me semble que nous sommes de plus en plus sensibles à une des plus graves injustices et une des pires calamités que l’homme moderne ait connu que ce soit en Afrique et en Asie au XIXe siècle mais aussi au XXe : l’esclavage. Celui perpétré dans la nouvelle Amérique en devenir juste après la guerre de Sécession est décrite dans toute son horreur par Colson Whitehead et son prix Pulitzer est amplement mérité.

Cora est une jeune esclave en Virginie, sa mère l’a abandonnée pour s’évader et elle « a la rage » comme on dirait aujourd’hui en 2020. Il faut qu’elle fasse quelque chose de sa vie. Elle va donc également s’évader et va rencontrer de nombreuses personnes plus ou moins importantes ou plus ou moins anecdotiques pour le roman mais qui toutes vont jouer un rôle dans sa recherche. Elle aura notamment affaire à un réseau clandestin monté par des abolitionnistes blancs et basé sur un chemin de fer souterrain qui a réellement fonctionné dans les années 1840 et qui a « sauvé » de nombreux hommes et femmes de race noire.

Le roman est déchirant dans certains épisodes, un peu plus « humaniste » à d’autres et comme je le disais en débutant nous ouvre encore un peu plus les yeux sur cette infamie. Il existe d’autres types d’esclavage que celui, brutal, horrible, sanguinaire, inhumain et sans pitié décrit par Whitehead.

De larmes de sang !

8 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 22 mai 2018

Nous voilà plongés au XIXème siècle quelques années avant la guerre de sécession.
A travers les yeux de Cora, une jeune esclave en Géorgie, toutes les horreurs de l’esclavagisme nous sont dévoilées. Il n’y a pas de nom pour décrire la bestialité de l’acte de possession d’un autre humain. Quand le sadisme s’en mêle, on sombre alors dans la pire des bassesses. Que le monde est laid, qu’il est veule quand on lit ce livre. L’auteur va très loin dans sa description de la vie de ceux qui sont du mauvais côté du fouet.
Et puis il y a l’espoir… quelques âmes pures créent un réseau de chemin de fer clandestin pour permettre à des esclaves l’évasion . Historiquement ce réseau a bel et bien existé avec l’aide des quakers et l’on peut situer la datation du roman aux années 1850.
Le reproche que j’adresserai au travail de Colson Whitehead c’est de rester très vague sur le sujet. On devine des hommes justes, une vie cachée sous terre, un grand secret mais ça reste flou. Je pensais (avant vérification) que cette histoire de souterrains était une fiction. Autant l’auteur est convaincant dans sa description des plantations et de leurs codes, autant le vague subsiste sur le « réseau ».
Il n’en demeure pas moins qu’un Pulitzer ne s’obtient pas par hasard. Ce livre est un aveu. Bravo

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