Par le vent pleuré
de Ron Rash

critiqué par Killing79, le 15 septembre 2017
(Chamalieres - 44 ans)


La note:  étoiles
Ron Rash, tout simplement
Dans une petite ville paisible au cœur des Appalaches, la rivière vient de déposer sur la grève une poignée d'ossements, ayant appartenu à une jeune femme. Elle s'appelait Ligeia, et personne n'avait plus entendu parler d'elle depuis un demi-siècle.


Mon avis: Ron Rash est un auteur que j’apprécie particulièrement. Je me reproche d’ailleurs de ne pas avoir lu plus de ses romans. Mais comme il me l’a affirmé lors d’une rencontre/dédicace, il ne pense pas changer de style et d’environnement pour ses futures productions, j’ai toujours peur de me lasser, donc j’espace mes lectures. En effet, il souhaite situer toutes les aventures dans les Appalaches, sa région d’origine.

Donc, niveau décor, « Par le vent pleuré » se rapproche des précédents opus. On se retrouve dans une petite ville qui côtoie forêt et rivières. C’est dans cette nature inhabitée que le drame va se jouer. Il met en scène un petit groupe de jeunes dans l’Amérique des années 70. Il est donc question d’alcool, de drogue et bien sûr d’hormones exacerbées. Une fois ce cocktail mis en présence, une simple étincelle peut enflammer et dévaster leurs destinées.

Etant plus court (seulement 200 pages), le récit prend moins le temps de se concentrer sur les personnages et privilégie l’histoire proprement dite. Alternant entre présent et souvenirs, l’auteur dévoile petit à petit les prémices du drame et ses conséquences. Comme souvent chez lui, il incorpore un élément perturbateur (cette fois-ci, une fille désinvolte) qui va complètement déstabiliser le quotidien pourtant bien rodé des protagonistes. A travers cette aventure, l’auteur peut mettre en lumière les us et coutumes de l’époque et peut aussi aborder un certain nombre de de thèmes plus universels tels que la religion, l’éducation, l’alcoolisme…

Ce petit roman noir n’est pas le meilleur de Ron Rash, mais vous pouvez vous lancer les yeux fermés, tant cet auteur se place au-dessus de la mêlée dans sa catégorie. Il maîtrise son sujet et sait incontestablement rendre compte de l’ambiance des lieux, tout en étant plus profond qu’il n’y paraît. Goûtez à du Ron Rash et vous en redemanderez !
Sous le signe de l'horloge 9 étoiles

Au départ, c'est un récit d'amour et d'adolescence, puisque deux frères, qui aiment à pêcher dans le lac, découvrent une jeune fille encline aux bains sauvages et solitaires. Elle se laisse prendre dans leurs filets, à moins que ce ne soit l'inverse, et chacun s'occupe d'elle à sa façon.
D'un autre côté, mais bien plus tard, un squelette est découvert qui renvoie à ces images d'un passé adolescent.
L'horloge va donc battre son rythme entre ces temps, le balancier sera la jeune fille qui s'éclate au rythme du sex and drug, alors au menu de l'Amérique des sixties et des groupes musicaux.
La « sirène » installe un silence entre les deux frères, et bien plus tard, le cadet s'interroge sur les rôles qu'ils ont respectivement joués dans l'affaire.
Dans la famille, comme dans la bourgade, le grand-père est l'Autorité, Il décide de tout, et a même prévu dans le détail l'avenir de ses petits enfants. C'est une sorte de Commandeur, flanqué d'un colosse muet, redoutable, et tout dévoué. Je ferais bien de ce dernier la sculpture du Destin.
Silences et mensonges interrogent Eugène, le crédule cadet ; il aimerait bien connaître les épisodes qui lui ont échappé.
Le Temps a fait son oeuvre : l'aîné, devenu chirurgien, se noie dans l'action, le cadet, qui voulait être écrivain, rumine. le sentiment de culpabilité déclenchera-t-il de temps de l'écriture ?

Rotko - Avrillé - 50 ans - 10 février 2018


Une sirène cet été là ! 8 étoiles

Une sirène cet été là !

Le décor habituel de Ron Rash ; une petite ville des Appalaches et une rivière. La rivière c’est le caché, le « tu du vous », là où tout devient possible pour sortir du quotidien. L’auteur a toujours besoin d’eau dans ses romans une eau qui n’est pas souvent purificatrice, loin s’en faut.
1969, Bill et Eugène sont deux jeunes adolescents orphelins de père. La mère a dû capituler l’éducation de ses enfants au grand-père, médecin, tyran, despote convaincu que sa décision est loi avant même d’être prononcée. Le pouvoir qu’il exerce sur sa famille est sans limite, il possède !
Le dimanche pour les deux garçons c’est repos, pêcher la truite et se baigner à l’ombre des regards. Et puis un jour une jeune fille apparaît, une sirène qui aime par dessus tout le vin et le valium. Elle échange quelques baisers contre du rêve et se donne avec indifférence.
L’histoire se construit vite vers l’irréparable et forge le destin de sa main gantée,

Plus court donc plus dense que ces précédentes œuvres, l’auteur n’a pu développer davantage les personnages (ce qui est son point fort). On a donc un texte plus linéaire mais qui se lit agréablement.

Monocle - tournai - 64 ans - 1 février 2018