Dirt Road
de James Kelman

critiqué par Romur, le 10 septembre 2017
(Viroflay - 50 ans)


La note:  étoiles
De l'Ecosse aux USA, de l'adolescence à l'indépendance
James Kelman fait partie des écrivains que j’ai sélectionnés pour découvrir l’Ecosse avant de m’y rendre en voyage... mais Dirt Road se passe aux Etats Unis ! Ce livre est donc d’abord le regard d’un européen qui arrive pour la première fois aux Etats-Unis, particulièrement dans la Bible Belt au sud. Les petits faits et détails du quotidien notés avec réalisme, prennent une vraie signification. C’est aussi la découverte de la communauté d’origine écossaise qui entretient vaguement les liens et le folklore du pays de leurs ancêtres, dans un mélange kitsch et chaleureux.

Murdo, adolescent obsédé par la musique, part en vacances une quinzaine de jours avec son père chez des cousins ayant émigré là-bas. L’occasion de recréer des liens familiaux et changer d’air quelques mois après l’agonie et le décès de la mère de Murdo.
Faute d’argent, le père et le fils prennent les bus interurbains et au hasard d’une escale forcée Murdo fait la connaissance d’une famille noire qui joue de la musique zydeco. La maitrise de Murdo à l’accordéon les séduit et ils l’invitent à les rejoindre à un festival deux semaines après en Louisiane.
Seul dans son rêve de musique, entre un oncle et une tante bienveillants (mais malgré tout lointains dans leur vie bien réglée d’américain moyen) et un père réfugié dans ses lectures qui n’ouvre la bouche que pour le rappeler aux convenances sociales, Murdo s’ennuie et rêve de s’évader pour rejoindre Queen Monzee-ay et sa bande.

Kelman nous fait admirablement pénétrer la psychologie de chaque personnage plein d’épaisseur et d’humanité. A commencer par cet adolescent intelligent, sensible mais perdu dans son univers musical, trop jeune pour mener sa propre vie et solitaire face à un père déconnecté qui ne le comprend pas. Le monologue intérieur que nous suivons sur les ailes de son imagination, dans une langue un peu heurtée, facilite cette introspection.
C’est un livre sur le besoin d’amour, le deuil, l’appréhension et l’incompréhension des parents devant leur enfant qui veut voler de ses propres ailes. Les efforts douloureux pour se comprendre et admettre l’inévitable changement sont admirablement rendus, même si le happy-end n’est pas très réaliste.