Lettres retenues : correspondances censurées des déportés de la Commune en Nouvelle Calédonie
de Virginie Buisson

critiqué par Sahkti, le 5 mai 2004
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Ces prisonniers de nulle part
"J'ai découvert une correspondance confisquée, des lettres retenues. J'ai lu des lettres d'amour, des lettres d'épouses et de mères, des lettres d'enfants. Ces lettres ne sont jamais parvenues à leurs destinataires, retenues par la censure, par l'arbitraire des gardiens. Par la mort des déportés, égarées dans l'errance des familles acculées à la misère en France" (Virginie Buisson)

Le parcours des Communards en Nouvelle-Calédonie, un parcours que j'ai découvert lorsque j'étais là-bas, au hasard d'une promenade, un cimetière en apparence abandonné, une plaque, l'envie d'en savoir plus, un véritable parcours-hommage sur le Caillou à la découverte du bagne et d'autres lieux d'abandon.

De son côté, Virginie Buisson est partie sur le Caillou à la recherche de son grand-père, Honoré Bonnaventure, et a découvert des centaines de lettres censurées de Communards déportés, messages d'amour ou de désespoir, témoignages du chagrin et de l'amertume qui s'étaient emparés de ces prisonniers de nulle part.
A l'époque, la plupart des surveillants détruisaient le courrier au lieu de l'envoyer et bon nombre de ces déportés se sont crus abandonnés par leurs familles et ont préféré mourir de chagrin que d'assumer cette solitude. Virginie Buisson marche à l'émotion dans son ouvrage, ayant fait un choix volontairement arbitraire parmi les 4000 Communards arrêtés à Versailles et transférés en Nouvelle-Calédonie. On y respire la solitude et le désespoir.
Son livre est sensible et beau. Comme le Territoire.