Le silence de Belle-Ile de Laurence Bertels

Le silence de Belle-Ile de Laurence Bertels

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Nathavh, le 11 août 2017 (Inscrite le 22 novembre 2016, 59 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 864ème position).
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Le silence de Belle-Île

Cédric a 37 ans. De tout temps il ne s'est jamais senti aimé. Ni par Françoise son épouse avec qui il cohabite - la distance est devenue trop grande, ni avec sa mère disparue à l'aube de ses vingts ans, ni avec sa grand-mère - rigide, dure, prostrée dans un silence depuis des années. Le seul homme dont il ressent l'amour est Jacques Le Garrec, son grand-père, notaire à Saint-Pierre-Quiberon, qui lui a donné jusqu'à son nom.

Il est près de lui lorsque celui-ci s'éteindra à l'âge de 83 ans.

Les funérailles auront lieu dans une semaine, il restera sur place à le veiller en compagnie de Clarisse, la dame de compagnie qu'il connaît depuis si longtemps. Sept jours d'attente qui vont changer sa vie.

Morgane Perron est notaire, elle lui dévoilera le testament mais aussi une lettre, et lui remettra le journal intime de sa grand-mère, Jeanne Gueminez, c'était le souhait de son grand-père.

Cédric remonte alors le temps, il "revit" à travers ce journal le naufrage de l'Hirondelle, disparu à tout jamais avec les amis de son grand-père. C'était en 1953. "Le père Filou" avait bravé la tempête et était arrivé à Belle-Île, Jean son ami n'était jamais arrivé.

La mer, les embruns, le golfe du Morbihan et Belle-Île sont les personnages de ce magnifique roman. J'ai pris énormément de plaisir à la lecture étant passé la veille à Belle-Ile, j'y ai retrouvé les lieux, les anecdotes glanées sur l'île.

Ce roman, c'est un secret bien gardé qui va changer la vie, permettre de regarder au fond de soi, faire le bilan de sa vie et oser prendre un nouveau départ.

C'est fluide, c'est beau. Cela devient un peu plus lent dans la découverte du journal pour permettre de prendre le temps de la réflexion, d'admirer les paysages, la mer, de comprendre le mutisme de Jeanne et l'amour de Jacques. Un roman qui nous dit que nous avons toujours le choix de modifier le destin et de prendre notre vie en main.

Ma note : 8.5/10

Les jolies phrases

Surtout reste toi-même. Le seul conseil que je puisse te donner serait d'acquérir un peu plus de confiance en toi et de profiter d'avantage de la vie.

Cédric n'avait pas pensé à le lui demander, et il réalisa à quel point les questions surviennent lorsque les réponses se sont envolées avec ceux qui les détenaient.

Si toute vérité n'est pas bonne à dire, il est des secrets trop lourds à porter qui empoisonnent la vie des survivants.

Chaque fois qu'il quittait "Kenavo", il repartait grandi, prêt à affronter la vie et son reflet dans le miroir. Certaines personnes vous parlent, décèlent le meilleur en vous, là où d'autres guettent leurs failles.

On redoute un malheur toute une vie et, lorsqu'il arrive, on se sent presque soulagé.

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L'art -d'être- ...grand-père

8 étoiles

Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 12 décembre 2017

Aux amoureux des îles, Laurence Bertels offre une perle océane, où s’affrontent la violence des sentiments et celle des éléments. Dès l’image de couverture on s’évade dans les embruns des côtes du Morbihan, on se met à rêver de Guernsey, tout à côté, l’île-refuge de celui qui présida à « L’art d’être grand-père ». Ah les îles ! Chacun de nous n’est-il pas une île perdue dans l’immensité humaine ? Une île n’est-elle pas le lieu de tous les questionnements pour les voyages intérieurs ?

On se dit qu’on va naviguer à flanc de romantisme et se remplir les poumons de respirations nouvelles, loin du bruit et des fumées de nos mégapoles de ciment et d’asphalte! Et on n’a pas tort ! Le voyage littéraire commence : charpenté par la nature et les éléments, l’amour du héros pour son grand-père, et les écueils de questions de plus en plus déroutantes et envahissantes. Bref, huit jours de grandes marées lessivent le frêle esquif de sa vie de fade solitaire malmené par trois figures féminines qui ont su tuer en lui les élans, la tendresse, et l’espoir, mais jamais le besoin d’amour. Il tire des bords audacieux dans les secrets familiaux, et pourtant c’est un anti-héros, parfois presque méprisable par son égocentrisme. On l’accompagne dans son aventure, espérant pour lui une métamorphose. La magie de l’île et de la presqu’île de Quiberon opèrent quasi à son insu, où est-ce la sagesse du vieillard qui le veille de loin et le mène à travers son odyssée initiatique, faite de découvertes douloureuses et de désillusions ?

Le deus ex machina lui fait rencontrer la défunte passion d’une grand-mère qu’il croyait froide et muette à jamais, la tendresse de la sibylline Clarisse, la gente dame de compagnie du défunt, qu’il croyait vile et intéressée et l’éblouissement pour une notairesse bien dans sa peau et ses principes. A chaque étape, il a tout faux, sauf avec le chien du défunt ! Tout cela le ramène à la vie, lui qui était noyé auparavant dans la triste boue de l’abandon féminin. Il y a cette phrase terrible entre toutes à propos de la perspicacité de son grand-père: « Jacques remettait alors tout en question, sachant que son bureau serait à nouveau le théâtre des passions humaines. Et finissait par craindre qu’outre les malins, les malhonnêtes, les blessés à vie, il existât des êtres foncièrement mauvais, nés pour détruire et perdus à jamais. Les pires étaient sans doute les victimes, celles qui se confortaient dans ce rôle, s’y complaisaient et finissaient par profiter du costume pour devenir bourreaux ». Quelle lucidité ! Que fut sa mère pour Cédric?

C’est beau comme un conte, finalement, beau comme un flambeau qui redonne courage au timide, au résigné, au méprisé par les femmes de sa vie. C’est bien écrit. Le vocabulaire lié aux paysages, à la mer et au monde des bateaux enchante. Les lieux sentent les vacances, l’évasion est totale et lente, comme à bord de la Marie-Galante. Et l’art -d’être- grand-père est omniprésent !

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