La Marche du Nord
de Georges Foveau

critiqué par Goupilpm, le 12 août 2017
(La Baronnie - 67 ans)


La note:  étoiles
Enquête dans un univers fantasy.
Au crépuscule de sa vie, l’Enquêteur Impérial se souvient d'une de ses premières enquêtes de fonctionnaire zélé et ambitieux dans l'exercice de ses fonctions de protecteur des intérêts de l'Empereur et de ses fidèles sujets. Une de ses premières missions qui l’entraîna dans les forêts obscures et quelque peu inhospitalières des Marches du Nord. C'est suite à l'accusation de marchands accusant le commandant de la garnison de ne pas remplir ses obligations qu'il y fut missionné par son supérieur.

L'enquête n'est qu'un prétexte pour nous faire découvrir une civilisation qui n'est pas encore touchée par l'expansionnisme de l'Empire. On trouve dans cette toile de fond une similitude avec l'Empire Romain qui se vérifiera tout au long de la lecture.

Le début de l'enquête s'annonce difficile pour le jeune fonctionnaire confronté d'une part à un militaire chevronné au passé glorieux et de l'autre à un marchand véreux. On sent de suite chez le jeune fonctionnaire un certain malaise s'installer. L’atmosphère pesante de la forêt dans laquelle le commandant entraîne Soze renforce le malaise notamment par le ton sarcastique et moqueur employé par le militaire.

Hormis par la présentation des faits et la conclusion de Soze, le côté thriller n'est pas du tout développé, c'est plus dans un roman initiatique que l'auteur nous entraîne en développant des thématiques plus en rapport avec un roman à la fois sociologique et ethnologique. En effet, l'auteur nous entraîne à la découverte d'une peuplade au système féodal primitif qui n'est pas par certains côtés sans nous rappeler la civilisation Celte. Tout comme pour la touche thriller, le côté fantasy se résume à la plus simple des expressions, ne reposant que sur l'empire imaginaire qui sert de toile de fond.

A la fois hymne à la nature et à la différence, nous entraîne dans un récit à l'atmosphère certes envoûtante mais l'opposition entre les deux cultures aussi différentes l'une que l'autre verse quelque peu dans un certain manichéisme. Un sentiment renforcé par une absence d'originalité, de thématiques éculées et d'une morale à la fois légère et naïve.

La découverte de l'univers est plutôt restreinte puisqu'il se limite à la forêt à la fois humide et froide où vivant les autochtones. L'auteur, lors du voyage de Soze, n'a pas daigné nous faire décrire les régions traversées. Le monde dans lequel évolue le protagoniste principal ne s'est limité qu'à la découverte de ce peuple primitif, de ses us et coutumes. En effet l'auteur s'attarde sur leurs croyances, leurs légendes... ce qui n'est pas sans créer certaines longueurs . Impression encore renforcée par les introspections du protagoniste principal et de certains des autochtones. Heureusement le parcours initiatique du jeune homme se fait sur un ton souvent humoristique qui allège un peu cette sensation de lourdeur, l'auteur allant même jusqu'à faire un clin d’œil à la Marseillaise.

La fête du Printemps de la peuplade a beaucoup de traits communs avec une des fêtes celtiques dans sa manière de se dérouler et le Grand Cornu évoqué ici n'est pas sans rappeler Cernunnos. A cette ressemblance avec les rites celtes viennent s'ajouter quelque références à ceux des indiens d'Amérique.

Soze, personnage imbu de sa personne, qui dans les premiers temps s'avère plutôt antipathique ce n'est qu'à la fin du roman qu'il montrera visage plus convaincant. Celui du commandant de la forteresse, de son enfance, de son passé militaire parvient à retenir l’attention du lecteur. La réussite de l'auteur sur les personnages réside dans celui du vieux sage Lounx Noir qui attire notre empathie.

Le vocabulaire est recherché, soigné sans être complexe, mais le style essentiellement narratif se veut lent et la dynamique de lecture s'en ressent fortement.

Des thèmes éculés, un côté thriller totalement absent, un côté fantasy pas assez exploité, une succession de longueurs : ce roman n'arrive pas à convaincre le lecteur.