Nous allons mourir ce soir
de Gillian Flynn

critiqué par Clubber14, le 31 juillet 2017
(Paris - 44 ans)


La note:  étoiles
Hors d'oeuvre
Présentation de l'éditeur :

Après une enfance difficile, la narratrice anonyme devient travailleuse du sexe. Des années d'expériences ont développé chez elle un véritable don pour décrypter la psychologie de ses interlocuteurs, leurs intentions et leurs envies. Aussi lui arrive-t-il d'officier occasionnellement comme voyante. Lorsqu'elle rencontre Susan Burke, une femme aisée aux prises avec une situation dramatique, elle accepte de l'aider.
Susan et sa famille ont emménagé à Carterhook Manor, une vieille demeure inquiétante, marquée par une violente histoire vieille de cent ans. Sur place, la narratrice rencontre Miles, le beau-fils de sa cliente, un adolescent au comportement étrange et glaçant. Saura-t-elle découvrir toute la vérité sur Carterhook Manor et la famille qui l'habite désormais ?


Mon avis :

L'histoire est assez étonnante et déroutante dès les premières lignes. En effet, le personnage principal, dont nous ne connaîtrons jamais le nom, exerce le métier de "branleuse à la chaîne". En effet, en quelques années elle a pratiqué plus de 40 000 "exercices manuels" qui ont entraîné des problèmes de poignet (forcément !). Les nombreuses heures passées avec ses clients lui ont également permis de connaître la psychologie des hommes et c'est tout naturellement que sa patronne lui propose de passer de l'arrière boutique où elle exerçait ses talents à l'avant-boutique où elle va devenir voyante. Et oui cela semble simple de passer de l'un à l'autre !!! C'est en tant que voyante qu'elle fait la connaissance d'une riche jeune femme qui est terrorisée par ce qui se passe chez elle, un vieux manoir qui semble hanté. La narratrice décide de l'aider, passe de nombreuses heures chez elle et fait la connaissance du fils aîné, une sorte de gothique qui la menace de mort. Ce jeune garçon va lui faire des révélations qui sont tout autant valables que celles de sa mère. Mais alors qui croire? Où et qui est le père (invisible jusqu'à présent)? Le connaît-elle?

Ecrire une nouvelle est, selon moi, l'un des exercices les plus difficiles pour un romancier. Imaginez écrire une histoire qui tienne debout, en dire assez sans pour autant trop s'étendre en seulement quelques dizaines de pages... Faire monter la température et ouvrir sur une fin énigmatique.... Et bien dans ce cas précis, cette nouvelle d'une soixante de pages réussit parfaitement son pari. La narratrice dont le métier même est d'entourlouper les gens et de jouer sur leur corde sensible (leurs peurs, leurs doutes....) va être elle-même prise en tenaille entre sa cliente et le fils de celle-ci. Les protagonistes ont tous deux une histoire qui se tient. Deux histoires diamétralement opposées, évidemment, mais qui se tiennent. Qui notre narratrice va-t-elle devoir croire? Va-t-elle mettre sa vie en danger? L'ouverture est parfaite et chacun pourra se faire sa propre idée du futur....

Une très bonne nouvelle donc qui se dévore en une petite heure. La seule chose que je trouve dommage, mais c'est également ce qui fait le piquant d'une nouvelle, c'est que le thème du livre et la façon dont l'auteur l'aborde auraient pu donner un magnifique roman, non pas une nouvelle. Il y aurait matière à écrire un vrai roman, à la fois noir, psychologique et terrifiant....