Le Sans-Papiers
de Lawrence Hill

critiqué par Dirlandaise, le 30 juillet 2017
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Tu dois courir plus vite Keita.
Une autre belle découverte en la personne de cet écrivain canadien récipiendaire du « Commonwealth Writers’Prize » pour son roman « Aminata ». Mais il s’agit ici d’un autre roman consacré aux aventures de Keita Ali, un homme de race noir originaire du Zantoroland. Le père de Keita est journaliste international et se met en danger en écrivant des articles contre le gouvernement et son chef corrompu. Sa famille décimée, Keita doit fuir le pays. Il se rend donc à Libertude, le pays voisin très riche mais rongé par le racisme et qui expulse les réfugiés contre de l’argent tombant directement dans les poches du président Wellington. Le jeune homme possède un talent acquis depuis l’enfance : la course. Marathonien exceptionnel, il s’inscrit à toutes les compétitions afin d’amasser de l’argent pour survivre en tant que réfugié sans-papiers dans un pays impitoyable et aussi afin d’aider à la libération de sa sœur emprisonnée au Zantoroland. Il est aidé par une vieille dame bien nantie vivant seule dans sa grande maison depuis la mort de son mari mais harcelée par un fils ayant l’œil sur sa fortune. D’autres personnages viennent se greffer sur la parcours cahoteux de Keita dont entre autres la journaliste handicapée Viola Hill et la reine du quartier surnommé « La Petite Afrique » Lula DiStefano. Ajoutons à cela les politiques corrompus et les hommes de main violents et nous possédons tous les ingrédients composant un excellent polar dédié à la course et à la vie pénible des réfugiés sans-papiers victimes d’un système dur et d’une navrante cruauté.

Dès le premier chapitre, j’ai été happée par l’histoire de Keita. Tout commence par un marathon décrit dans les moindres détails et surtout présentant un adversaire raciste et insultant envers le coureur talentueux menaçant de le déclasser. Ensuite, nous plongeons dans le passé et l’enfance du jeune homme pour comprendre son parcours et ses préoccupations présentes. J’ai bien aimé les descriptions de compétitions, la préparation de Keita avant chaque course ce qu’apprécieront les amateurs de ce sport. Ensuite, le récit devient vraiment haletant lorsque Keita rencontre le danger et frôle la mort à plusieurs reprises.

Le roman m’a sensibilisée au sort des réfugiés et à leur cortège de difficultés quotidiennes. Il m’a aussi fait prendre conscience de tout le trafic relié à ce phénomène navrant qu’est l’immigration clandestine. Par contre, la fin est sans nuances et ramène le livre au niveau d’un polar ordinaire et c’est dommage car le corps du récit est passionnant. À lire pour les descriptions de marathons et pour le racisme assez odieux régnant à Libertude empoisonnant la vie des Noirs.