Les petites victoires
de Yvon Roy

critiqué par Blue Boy, le 29 juillet 2017
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
La force d’un regard contre l’autisme
Marc vient d’avoir son premier fils, ce qui fait de lui un père comblé. Mais Olivier grandit et ses parents se rendent compte que quelque chose cloche. Tel un éclair dans un ciel d’azur, le diagnostic tombe : Olivier est autiste. Une fois encaissé le choc, Marc va devoir gérer le handicap de son fils en tentant de l’extirper du monde dans lequel il semble enfermé. Leur couple n’y survivra pas, mais il a conservé avec son ex-femme une bonne relation, ce qui va leur permettre de conjurer les certitudes du milieu médical à coup de « petites victoires »…


Julie Dachez nous l’avait expliqué dans « La Différence invisible », paru il y a un an chez Delcourt, l’autisme peut recouvrir plusieurs formes. Elle-même décrivait de façon « humoristique » le syndrome Asperger dont elle était atteinte. De la même façon, Yvon Roy a choisi de traiter ce récit autobiographique sur un mode léger et sans pathos, alors que contrairement à Julie Dachez, l’autisme de son fils était beaucoup plus aigu au départ, menaçant gravement son équilibre psychologique et par ricochet son adaptation sociale.

Avec sobriété et une certaine dose de poésie, l’auteur québécois nous narre son expérience en évitant l’auto-apitoiement, ce qui est déjà fort appréciable. En outre, son témoignage va à l’encontre de tous les clichés sur l’autisme, démystifiant gentiment les méthodes éducatives prétendument adaptées du milieu socio-médical.

A force d’abnégation et de courage – et il en fallait pour affronter les crises récurrentes de son fils -, le père, refusant de se résigner, réussit progressivement à briser, avec son intuition créative, la cage de verre dans laquelle la chair de sa chair semblait devoir être cloitrée à vie. Son récit pourrait fort bien faire référence et redonner espoir à tous les parents dans le même cas. C’est magnifiquement raconté, les personnages et les situations sont justes. Petit à petit, on voit Olivier prendre goût à la vie, et parallèlement le redonner à son père, plus vivant que jamais, ravi d’apprécier enfin une complicité inattendue avec ce fils différent et néanmoins attachant. Le dessin, sobre et délicat, traduit bien l’état d’esprit du narrateur.

« Les petites victoires » constituent un récit revigorant, une admirable leçon de vie qui prouve qu’il n’y jamais de fatalité face à ce type de situation, et par la même occasion, nous fait relativiser, nous les « bien-portants », nos petits tracas du quotidien.