Les Borgia
de Jean-Yves Boriaud

critiqué par Veneziano, le 28 juillet 2017
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Une famille catalane ayant gouverné Rome
Le Saint-Siège du tournant du Moyen-Age à la Renaissance, à l'époque du créatif Quattrocento, soit le XVème siècle, connaît une brèche dans la suprématie des cardinaux italiens dans l'élection du souverain pontife. Une famille de Catalans arrive à s'imposer au sein de l'Eglise, non sans une volonté farouche, des calculs politiques plus ou moins enviables. Les Borja, devenus Borgia par l'italianisation du nom, donnent deux Papes et plusieurs hautes figures qui ont marqué l'histoire de la péninsule.
Le premier Pape Borgia fut Calixthe III qui reprit le projet de croisades. Le second fut élu peu avant la découverte des Amériques, Rodrigo Borgia, devenu Alexandre VI. Ce dernier est plus connu et sent copieusement le soufre, pour être accusé de luxure, d'inceste et de simonie. Il ne cache plus l'existence de son ancienne maîtresse qui est la mère de ses trois enfants, ni l'identité de ces trois derniers, qu'il a fait passé pour ses neveux au départ, comme il était quasiment de coutume pour les clercs ayant ainsi "fauté".
Juan, son favori, est hissé en chef de guerre ; César devient cardinal, ne cachant pas sa soif de pouvoir ; Lucrèce fait l'objet d'intrigues matrimoniales à caractère politique, comme pour les familles royales, ce dont elle pâtit. Juan finit par mourir assassiné, dans des conditions obscures, César quitte la prêtrise pour devenir militaire et stratège politique, Lucrèce arrive à fonder une famille respectée où elle s'épanouit, sans compter les rapports quasi-incestueux entre ces deux derniers.

Ce livre décrit l'ascension, le maintien au pouvoir, la lutte contre les moult résistances et le déclin d'influence de cette famille sur l'Eglise, sans fioriture, mais avec le souci de clarté, de précision, de la part de cet universitaire spécialiste en lettres et civilisation italiennes. Il explique comment César Borgia aurait influencé Machiavel (Niccolò Macchiavelli) dans l'écriture du Prince.
Cet ouvrage se lit aisément, car il est destiné au grand public, s'avère enrichissant, sur une période de l'histoire sur laquelle est venue se greffer beaucoup de fantasmes. Il est donc utile et agréable.