Cent portes battant aux quatre vents
de Steinunn Sigurdardóttir

critiqué par Henri Cachia, le 23 juillet 2017
(LILLE - 62 ans)


La note:  étoiles
Belle complexité!
Si l'autrice de « Cent portes battant aux quatre vents » démarre fort en nous révélant d'emblée que ce qui lui manque c'est un amant, c'est pour mieux nous annoncer la couleur de son propos : «... Je déjeunais dans un restaurant indien de la place Toudouze lorsque je découvris ce qui manquait. Un amant. Un amant pour de vrai, avec mots doux, superposition des mains et tout le saint-frusquin. Comment ne pas y avoir pensé plus tôt ?... »

La sensualité. Mais comme un tout indissociable : les corps avec ses jeux riches et variés, mêlés au paysage islandais évoluant en permanence, font de cet ensemble un éternel mouvement : «... On dit que l'Islande est belle, mais ça n'est pas le mot juste, pas dans son acception habituelle. Grandiose par moments. Et beaucoup de choses dans le pays n'existent nulle part au monde, ou alors disposées autrement. Les changements continuels de la lumière font que toutes les voies semblent nouvelles bien qu'on les emprunte depuis longtemps ...».

Avec ce nom imprononçable – pour nous Français – Steinunn Sigurdardottir est à l'image de la complexité de son quatrième roman. Une femme non pas à la dérive, ou alors comme nous tous, mais plutôt une femme qui a besoin d'être entourée de ses hommes, qui ensembles en constituent un acceptable, et ses enfants qu'elle a bien du mal à comprendre (normal because no same generation) et du coup elle ne peut que leur mentir, parce qu'ils ne pourraient pas se comprendre et que toute tentative serait vaine. Logique. La jeunesse est là pour se révolter. La maturité de l'expérience ne peut rien contre une telle fougue, et c'est très bien comme ça .

Elle subit et aime la vie sans démesure. La vie cette mangeuse de morts : « ...Je me vis telle que je suis... L'abominable Amuseur qui met notre vie en scène avait particulièrement bien réussi son coup... ».

La vie est là, et il est bon de la prendre quelle qu'elle soit, semble nous dire Brynhildur (un peu plus facile à prononcer), le personnage féminin principal.