Les nouveaux dissidents
de Michel Eltchaninoff

critiqué par Colen8, le 15 juillet 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
« Patience et longueur de temps font mieux que force ni que rage »(1)
Dès lors que s’affirme un pouvoir naît une opposition. C’est vérifié, qu’un pouvoir politique soit démocratique, autoritaire, dictatorial, théocratique. La dissidence, elle, s’exprime sans grands moyens par une opposition non violente, pas nécessairement frontale ni clandestine non plus. Elle joue sur la transparence, sur la provocation, elle mise sur une prise de conscience, un changement de l’intérieur, elle tente de renforcer des valeurs positives sans échéance temporelle, elle se distingue de la résistance qui lui reproche une forme de « mollesse » et lui préfère l’activisme. L’enquête de Michel Eltchaninoff l’a conduit à rencontrer des dissident(e)s inconnus des médias en Iran, en Russie, au Mexique, auprès des tibétains en exil et ailleurs. Elle décrit des personnalités individualistes, souvent anonymes, mues par le courage, le sens de l’honneur, le respect des droits de l’homme, le besoin de soutenir les familles des trop nombreuses victimes d’assassinats et d’enlèvements. Elle revient par exemple sur la disparition dans un contexte de narcotrafic et de corruption à grande échelle de ces 43 étudiants mexicains en septembre 2014 qui a fait la une de la presse mondiale. Elle lève le voile sur les tentatives de rapprochement entre Israël et la Palestine loin de la haine et de la violence, sur le refus des Tatars de Crimée de se plier devant la brutale annexion russe de 2014, sur les rassemblements de la place Maïdan la même année à Kiev qui a fait fuir le président pro-russe Ianoukovitch. En Biélorussie quelques courageux se battent pour conserver leur langue et leur identité, pendant qu’à Hong-Kong et Macao on continue à défendre les droits acquis avant le retour à la République populaire de Chine. Ecrit avec sobriété, c’est édifiant et émouvant à la fois.
(1) La Fontaine, "Le lion et le rat"