Belle d’amour
de Franz-Olivier Giesbert

critiqué par Ddh, le 11 juillet 2017
(Mouscron - 82 ans)


La note:  étoiles
Belle d'amour ? Toute une philosophie
Belle d'amour ? Le nom que l'on donne à l'héroïne Tiphanie. Tiphanie ? Une jolie fille qui vécut à l'époque de Louis IX, dans la mouvance des 7ème et 8ème croisades.
Franz-Olivier Giesbert plonge le lecteur à l'époque des croisades par une porte étroite et invraisemblable : Tiphanie, la « Belle d'amour » proche de Louis IX, ce monarque très catholique, canonisé très vite après sa mort. Tiphanie a du talent : des pâtisseries à se lécher les babines, une « belle d'amour » qui fait tourner la tête du cruel Charles Jean-Bon, de Moshé, d'Enguerrand Sauveterre, de Richard de Mortelune, d'Armen, de Frère Eustache... Les 7ème et 8ème croisades la marqueront cruellement. Le Moyen Âge est révélé avec sa grandeur mais aussi ses bassesses, les cruautés au nom de la religion tant musulmane que chrétienne.
C'est un régal de lecture : que du bonheur avec ces termes moyenâgeux égrainés au fil des pages. Ils nous poussent à remonter au fil du temps, chercher à comprendre l'évolution des mots. L'auteur pousse le lecteur à la réflexion : les croisades, l'islam radical... mêmes buts ? La primauté reste l'amour, prôné par Tiphanie, une hérétique cathare ?
L'histoire par le petit trou de la serrure 6 étoiles

Les croisades et l'épopée orientale de Saint-Louis sont revisitées par le regard de Tiphaine, domestique et courtisane au service du Roi et de sa court. Cette histoire relate d'une époque, de son esprit et souhaite donner un écho temporal avec les relations actuelles entre Occident et Islam. Mais le détour par ce biais me paraît factice et peu flatteur.

Veneziano - Paris - 46 ans - 16 novembre 2019


Une épopée au temps des croisades 7 étoiles

Franz-Olivier Giesbert utilise Tiphaine, personnage fictif, pour décrire l’époque des croisades et créer un parallèle avec notre époque actuelle d’un point de vue religieux. Tiphaine est un personnage truffé de malheurs qui connait une destinée assez tragique mais qui, je ne sais pour quelle raison – la foi peut-être ? – garde espoir et s’attire les bonnes grâces du roi Louis IX jusqu’à en devenir une proche confidente.
C’est à travers ses yeux que l’on suit templiers, chevaliers et mahométans à travers une bonne partie du Moyen Orient. Au départ de Paris, l’auteur nous transmet les superstitions moyenâgeuses chrétiennes parmi lesquelles le diable, les châtiments infligés aux hérétiques et la terreur inspirée par la religion. Si initialement on aurait pu croire à une critique de Saint Louis, au fil de la lecture on s’aperçoit qu’il ressent une profonde admiration pour le souverain.
En comparant Moyen-âge et époque contemporaine, M. Giesbert propose une réflexion sur les religions – peuvent-elles survivre si elles n’inspirent pas la peur ? - ainsi que sur la vie d’aujourd’hui et ses valeurs. Il tente aussi à sa manière de faire l’apologie des croisades en rappelant les faits historiques qui en sont à l’origine. Ce portrait de femme, bien qu’assez outrancier à mon goût, offre un beau moment d’évasion dans le temps et l’espace.

Psychééé - - 36 ans - 12 novembre 2017


Très plaisant ! 9 étoiles

Venez suivre Tiphaine, dite belle d’amour. Sa beauté, sa voix douce et sa connaissance des herbes lui ont permis de suivre le roi Louis IX dans sa croisade pour reprendre Jérusalem aux mahométans. Louis IX, le bon Louis IX qui devint Saint Louis. Il était (dit-on) un homme juste et bon, le seul roi de France qui ne fut infidèle à sa dame. Évidemment il faut juste oublier que sous son règne la rouelle fut instaurée. Pour info, la rouelle était une pièce de tissu jaune que les juifs devaient arborer.
Oups ! Hitler finalement n’a pas inventé grand-chose.
Mais je m’égare, Giesbert aussi d’ailleurs, mais à dessein. Il ose affronter de face ce qu’il vaut mieux dire tout bas… et voici sa pensée : oui l’esclavage est une horreur, oui au nom du dieu chrétien on a capturé et on a asservi de pauvres innocents réduits à l’état de bête de somme mais on oublie souvent de dire que la palme, la médaille d’or de l’esclavagisme revient à l’islam, cette religion guerrière qui ne rêve que d’asservissement !
Tiphaine, elle, ne pense pas à ça. Elle sait que la musique est la seule chose avec le ciel étoilé et l’amour qui permet d’accéder à l’infini. Alors elle vit comme une vague, d’un balancement dolent… ses choix sont ceux que la nature lui dicte.

Quel beau livre que Franz Olivier Giesbert nous offre sous le label de Gallimard. Quel parler franc, gai quand il ne faut pas et au dessus du simple. J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman.

Monocle - tournai - 64 ans - 17 août 2017