Lent dehors
de Philippe Djian

critiqué par Sundernono, le 30 juin 2017
(Nice - 40 ans)


La note:  étoiles
Un Djian pur jus
« Malgré la douloureuse épreuve que je traverse aujourd’hui et qui, bien entendu, n’est que la juste récompense de ma conduite, je ne peux m’empêcher de sourire, considérant quel imbécile je fais. Mais ce rire vaut bien toutes les grimaces du monde »

On dit souvent que le début d’un roman est capital, qu’il nous montre le chemin où il veut nous amener, ce que l’on peut en attendre. A vrai dire mon expérience de lecteur m’a bien souvent démontré le contraire. Cependant ces premières lignes de Lent dehors révèlent bien des choses. Elles introduisent le personnage principal, Henri-John, professeur de piano, père de deux grandes filles, plaqué par sa femme, Edith, écrivain à succès. Elles révèlent bien le style « Djian » : une écriture assez brute, directe, rythmée, qui va droit au but, sans trop de chichis. On y retrouve aussi cette petite musique, propre à cet auteur, ce ton qui peut être désabusé, sarcastique, voire parfois caustique.

Assurément les lecteurs qui aiment Philippe Djian aimeront ce roman publié en 1991, il y a donc déjà 26 ans de cela. J’y ai retrouvé les éléments qui m’ont fait aimer 37°2 le matin, Zone érogène ou encore Maudit manège : à savoir le style, le rythme, ce regard porté sur notre monde, les relations humaines, cette histoire ancrée dans la réalité. Toute la palette des émotions humaines y passe. J’apprécie cela.
J’ai également aimé les nombreux flashbacks sur la genèse de la relation entre le personnage principal et son amour d’une vie, Edith, la naissance de cette belle amitié avec celui qui deviendra son beau-frère, Oli, les personnages secondaires, pas si secondaires que cela finalement, la complexité de la relation père-filles…

Autre point appréciable, Lent dehors nous fait voyager, notamment à travers l’Europe et la Russie. Nous suivrons ainsi la compagnie de danse de la famille d’Edith et Oli dont la principale danseuse n’est autre que la mère d’Henri-John. La danse constitue d’ailleurs l’un des fils conducteurs de ce roman. Djian nous amènera également aux Etats-Unis, car que serait un roman de Djian sans Amérique.

Pour conclure je dirai tout simplement que j’ai aimé cette lecture pour tout ce que je viens d’écrire précédemment, que ce roman fut une parenthèse parfaite entre différentes lectures qui parfois m’ont pesé.
Lent dehors est à mon avis une parfaite introduction à quiconque voulant s’essayer à cet écrivain à la bibliographie bien fournie : un Djian pur jus !