Le teinturier de la lune
de Violette Cabesos

critiqué par Goupilpm, le 30 juin 2017
(La Baronnie - 67 ans)


La note:  étoiles
Une mise trop en avant de l'alchimie
Le Teinturier de la Nuit nous fait suivre plus particulièrement deux personnages mais à des époques différentes.

En premier lieu, Théogène, un apprenti alchimiste vivant au 16è siècle, qui s'attend à se voir révéler par son maître le dernier ingrédient de le Pierre Philosophale. Mais lorsqu’il découvre , après la mort étrange de son mentor, la vraie nature de la Matéria Prima, il se refuse à l'employer, et c'est un être torturé par sa conscience, bien souvent mise à l'épreuve, que l'on va suivre.

La deuxième protagoniste principale est Victoire, une étudiante en lettres mais également pigiste dans un quotidien. Une jeune femme qui ne rêve que de devenir journaliste, de signer elle-même ses articles, et qui s'insurge du peu de droits qu'ont les femmes dans les années 30. Chargée d'un reportage par son chef, qui signe ses articles, elle se rend à la bibliothèque Mazarine où elle parvient à visiter les réserves malgré qu'elles soient interdites au public. Elle y découvre un cahier de poèmes qui va tout changer dans sa vie, ses nuits vont devenir des cauchemars et elle se met à écrire de manière automatique des poèmes en français de la Renaissance. La croyant possédée, on lui fait suivre des séances avec une médium et c'est lorsque cette dernière est assassinée à Prague que la vie de Victoire va prendre une nouvelle orientation.

Jusqu'à la dernière partie, celle des révélations, l'auteure alterne son histoire entre les deux personnages principaux tout en plongeant profondément le lecteur dans le milieu des alchimistes.

L'univers décrit par l'auteure est foisonnant de détails tant sur l'ésotérisme que sur le plan historique. Le récit couvre une grande partie de l'histoire qui s'étale du règne de Rodolphe II de Habsbourg à la deuxième guerre mondiale tout en passant par la montée du nazisme. Les descriptions de l'auteur sont très précises, l'on sent beaucoup de connaissances et un gros travail documentaire : les environnements sont décrits dans le moindre détail et le lecteur se retrouve pleinement immergé dans les lieux qu'elle nous fait visiter. Dans l'histoire très fortement axée sur l'alchimie l'on découvre plus précisément les personnages qui ont marqué ce domaine, mais aussi des écrivains peu connus des années 30.

L'alternance entre les deux récits, qui sont étroitement liés, donne du rythme à l'histoire et les chapitres ne sont pas trop longs. Le vocabulaire employé par l'auteure est complexe, notamment lorsque l'histoire s'oriente sur l'alchimie et le mysticisme. Certains chapitres traînent en longueur et le lecteur a hâte de se retrouver à suivre l'intrigue proprement dite car l'auteur entre trop dans les détails, certains points se révélant peut-être un peu superflus l'éloignant trop du côté thriller.

Au final, une intrigue très bien menée, un univers où rien n'est laissé au hasard, d’énormes connaissances de l'auteure et un grand travail de documentation, font que ce roman est très intéressant sur le fond mais... un peu moins sur la forme qui n'est peut-être pas accessible à tous les lecteurs. On aura toutefois plaisir à suivre l'auteur dans un autre de ses écrits en espérant qu'il soit un peu moins foisonnant sur les détails et plus axé sur le côté thriller.