Le sang du monstre
de Ali Land

critiqué par Palmyre, le 25 juin 2017
( - 62 ans)


La note:  étoiles
Addictif!
Quatrième de couverture.
Après avoir dénoncé sa mère, une tueuse en série, Annie, quinze ans, a été placée dans une famille d'accueil aisée, les Thomas-Blythe. Elle vit aujourd'hui sous le nom de Milly Barnes et a envie, plus que tout, de passer inaperçue. Elle a néanmoins beaucoup de difficultés à communiquer avec les ados de son âge et préfère les enfants plus jeunes, plus particulièrement une petite fille vulnérable du voisinage. Sous son nouveau toit, elle est la proie des brimades de Phoebe, la fille des Thomas-Blythe, qui ignore tout de sa véritable identité. À l'ouverture du procès de la mère de Milly, qui fait déjà la une de tous les médias, la tension monte d'un cran pour la jeune fille dont le comportement va bientôt se faire de plus en plus inquiétant.
Le Sang du monstre est un thriller obsédant : la voix de Milly se fait hypnotique, dérangeante, addictive. Elle est, dans tous les cas, suffisamment singulière pour tenir le lecteur en haleine constamment, et soulever des interrogations aussi terribles que passionnantes. Un enfant peut-il surmonter des événements traumatiques ? Qu'est-ce qui construit vraiment notre identité ? Et à quel moment notre personnalité peut-elle basculer du bien vers le mal ? Un premier roman et un coup de maître qu'on ne peut décemment pas refermer avant le point final.


Un roman difficile à lâcher tant la tension et l'envie de tourner les pages sont impérieuses! On en a parfois froid dans le dos! Une réussite!!
psychologiquement dur 9 étoiles

J'ai adoré ce roman d'Ali Land. Il vous prend aux tripes, ne vous lâche pas. Et vous aurez beau le poser sur la table et vous mettre à faire autre chose, il reviendra comme par magie dans vos mains tellement le besoin de connaître la suite est intense.
L'écriture tout d'abord : à la fois fluide, directe, claire, lancinante. Ali Land n'y va pas par quatre chemin mais en même temps sait tenir son lecteur en haleine. Effets de répétition, non dits, double-sens... tout simplement captivant.
La trame maintenant : le décor est posé : une jeune fille de 15 ans, Milly (de son vrai nom Annie) qui est parvenue à dénoncer sa mère à la police pour torture et assassinats de jeunes enfants. Voilà nous y sommes. Dans le glauque, le noir, le moche. Cette jeune fille donc, va être placée en famille d'accueil en attendant le procès de sa mère, durant lequel elle va devoir intervenir comme témoin. Mais voilà, comment témoigner contre sa mère? Aussi monstre soit-elle. Car Milly a été élevée par elle, habituée dès son plus jeune âge à subir des tortures, tant physiques que psychologiques. Comment se défaire de ce fil irréel et à la fois si fort? Milly doute, elle ne sait pas où elle en est, sa mère est dans sa tête à chaque instant, lui distillant un poison invisible et pourtant si mortel.... Milly est également la proie de Phoebe, sa "sœur d'adoption", qui va lui en faire baver. Elle l'humilie dans leur nouveau lycée, l'insulte. et la torture psychologique, bien que bien différente, se poursuit sur la pauvre Milly qui ne demande qu'une chose : oublier et être définitivement adoptée par sa famille d'accueil.
Milly est extrêmement intelligente, bien plus intelligente que la moyenne et que les jeunes filles de sa classe. Elle a par ailleurs un autre atout dans sa manche : sa mère lui a appris à contrôler les esprits, à les utiliser, à les retourner. Milly parvient donc à ses fins grâce à ses compétences acquises bien malgré elle auprès d'une mère tortionnaire.
Je le disais en préambule mais je le réitère : ce roman est fort, poignant, intense. Il y a beaucoup de non dits et de sous-entendus, ce qui fait que le lecteur n'est pas confronté directement à la violence physique de la mère mais la devine, ce qui peut être bien pire.
Au fil des pages, nous nous rapprochons du procès de la mère. Milly va-t-elle parvenir à témoigner sans craquer? A-t-elle été trop imprégnée de l'aura morbide de sa mère?
Et au-delà de cette histoire bien sûr, la question de savoir quelle est la part de notre instruction, de notre éducation, de l'amour que nous avons eu étant enfant sur notre caractère et nos comportements d'adulte. Est-il possible de se reconstruire après une enfance difficile? Est-on ce que l'on est du fait de ce que l'on a vécu?

Tant de questions auxquelles apporter une réponse paraît bien difficile...

Clubber14 - Paris - 43 ans - 11 juillet 2018