Les rendez-vous de Fausta
de Jean-Noël Schifano

critiqué par Pucksimberg, le 22 juin 2017
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Fausta et ses amants
Fausta est une femme libre de 40 ans. Elle a eu de nombreux hommes, une sexualité complètement épanouie et décide d'envoyer quatre télégrammes à quatre anciens amants. Elle veut les revoir au plus vite et s'offrir à eux. Tout se passe en 1986. Ce petit jeu devrait l'amener à Paris, Strasbourg, Lyon et Rome ... Le récit n'est pas linéaire et est parsemé de retours en arrière qui nous permettent de découvrir l'étudiante qu'elle a été, les bizutages auxquels elle a été confrontée et ses principales histoires d'amour qui sont davantage des histoires charnelles.

Le lecteur s'interroge rapidement sur la direction que le roman va prendre. On s'interroge sur les motivations de Fausta. A-t-elle un appétit sexuel insatiable ? Que recherche-t-elle ? Lit-on un roman érotique, voire pornographique ? Jean-Noël Schifano possède une belle plume, a écrit des textes de grande qualité, s'adonner gratuitement à l'érotisme semblerait surprenant de sa part. Ce n'est qu'à la fin du roman que l'on comprend l'enjeu du roman. La quatrième de couverture de l'édition Folio en dit déjà trop ...

Ce personnage féminin peut surprendre. Nous sommes loin de la femme effacée dominée par le désir masculin. Ici, Fausta a de la poigne, gère son plaisir comme elle l'entend, n'a aucun tabou et manifeste une parole totalement libérée. A cet égard, de nombreuses pages sont consacrées aux scènes sexuelles, à ne pas mettre entre toutes les mains ... Elles sont crues et réalistes. Jean-Noël Schifano ne se borne pas à décrire les gestes, les dialogues occupent une place capitale dans ces scènes. A cela s'ajoutent les cris, les interjections, les soupirs ... Le lecteur pourra se lasser de ces scènes qui s'accumulent surtout que l'on ne sait pas du tout quelle sera l'issue du roman.

Le monde des vétérinaires occupe une place importante dans ce roman. L'homme est un peu étudié à la loupe comme on le ferait pour ces animaux. Les scènes sexuelles sont décrites de manière organique, médicale, anatomique. Le rapprochement entre l'homme et les animaux est clairement appuyé. Cette bestialité et ces pulsions libèrent Fausta tout en l'enfermant dans un cercle vicieux.

Ce n'est certainement pas le meilleur roman de Jean-Noël Schifano. Certains passages sont même monotones, mais la chute donne des explications qui permettent d'élever ce roman qui semblait s'enliser dans le roman érotique de gare.