Au paradis des manuscrits refusés
de Irving Finkel

critiqué par Septularisen, le 18 juin 2017
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
UNE BIEN ÉTRANGE BIBLIOTHÈQUE!
Au début du roman, nous sommes en 1985, en Angleterre, dans les environs de Londres. Là, dans un coin perdu de la campagne anglaise, un vieux bâtiment délabré, une sorte de vieille ferme, abrite depuis le début des années 60, une bien étrange bibliothèque, qui n’a pas de pareil dans le monde entier. J’ai nommé la « Bibliothèque des Refusés ».

C’est en effet ici que le Dr. Dr. Cloudesly Montague Patience, le Conservateur en Chef et sa fidèle secrétaire Melle. Rosemary Ogilvie, - entourées de ses deux plus fidèles assistants, M. Sigurd SORENSEN, le Conservateur en Chef Adjoint et de M. FfolkeLEGUID, Bibliothécaire du Dept. Biographie & Autobiographie -, se sont fixés une mission : recueillir tous les les manuscrits refusés par les éditeurs et qui n’ont jamais été publiés !
Mais attention, aucune méprise à avoir ici, le Conservateur en Chef et tous ses assistants prennent leur mission très au sérieux ! Ainsi si tout manuscrit que ce soit de la littérature enfantine, de la poésie ou du théâtre à sa place, pour être admis dans les collections de la bibliothèque, il faut absolument que ce manuscrit soit accompagné des lettres de refus des éditeurs ayant refusé de le publier!

Nous allons donc suivre la vie de la bibliothèque sur plusieurs années, ou même si un calme apparent règne avec son lot de petites histoires et de problèmes déontologiques, d’incidents, de visiteurs un peu trop encombrants ou entreprenants…
On croisera ainsi au fil des histoires (chaque chapitre représente une histoire sans lien avec la précédente, mais ayant comme fil rouge la bibliothèque), une invivable spécialiste américaine des "poissons d'argents" venue en stage en Angleterre et qui a vite fait de se mettre à dos tout le personnel, une actrice grimée en étudiante universitaire venue chercher des idées de scénario dans les manuscrits pour enfants, des cambrioleurs aussi maladroits que peu futés, des experts en préventions des risques manquant singulièrement de jugeote, des visiteurs inopportuns, un héritier décidé à tout pour récupérer le manuscrit de feu son beau-père et le faire publier, une équipe de télévision aussi inutile qu'envahissante etc etc...

Étrange livre que ce « Au paradis des manuscrits refusés », véritable "déclaration d'amour" aux livres et à la littérature, mais aussi livre qui ne rentre vraiment pas dans une catégorie bien distincte. A commencer par son auteur Irving FINKEL, qui est Conservateur au Département du Moyen-Orient du British Museum de Londres, spécialiste de l’antique civilisation Mésopotamienne, en charge de la plus grande collection de tablettes d’argile cunéiformes du monde. Et dont ceci est le premier livre de fiction. C’est un roman dans la veine de ceux de l’italien Umberto ECO (1932-2016).
Un roman qui sous le prétexte de la vulgarisation, comporte en fait des réflexions philosophiques bien plus intéressantes que l'on pourrait croire à la première lecture et dont on se rend bien compte qu’il a été écrit par un grand érudit.

Les personnages sont très atypiques, mais très attachants, surtout le Dr. Dr. Cloudesly Montague Patience, toujours sur le fil du rasoir entre sa mission de protéger sa bibliothèque et son personnel contre les « agressions » extérieures et celle de vouloir faire connaître son œuvre au monde entier…

Ce n’est certes pas de la très très grande littérature et sans doute que beaucoup oublieront très rapidement ce livre après l’avoir lu, mais je pense que ce roman loufoque à l’humour décalé parfois un peu snob et « so british », vous fera passer un excellent moment pendant sa lecture…