Le monde en 2035 vu par la CIA
de Auteur inconnu

critiqué par Colen8, le 15 juin 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
L’ordre mondial en question
Contrairement au titre le rapport dont il est question ici émane non pas de la CIA mais d’une agence prospective américaine œuvrant dans le renseignement(1) qui a décidé de rendre ses conclusions publiques. Après avoir mené pendant deux ans 2500 rencontres et interviews dans 35 pays celle-ci propose des scénarios à 5 ans centrés sur des évolutions régionales susceptibles de remettre en question l’ordre mondial instauré en 1945 après le second Conflit Mondial, notamment au travers d’une multiplication de conflits de basse intensité. A plus long terme de 20 ans, elle identifie des facteurs-clé de tension et d’instabilité qui s’ils sont contenus et gérés convenablement pourraient bien ouvrir sur une période plus sereine : démographie, gouvernance, identités, corruption, économie, sécurité, santé, environnement, modes de pensée et de vie, technologies (principalement TIC(2) et biotechnologies), inégalités. Si des incertitudes pèsent sur les capacités de la Chine à changer de modèle de développement, sur l’Union Européenne à sortir de son enlisement, sur les Etats-Unis à ne pas céder au repli, l’Inde est porteuse d’espoir pour tirer la croissance mondiale. Pour intéressant que soit ce condensé de géopolitique, il confirme ce qui est déjà largement véhiculé par les analystes et observateurs en stratégie internationale.
Aux menaces de toutes sortes comme aux perspectives de progrès bien identifiées, manquent malgré tout les moyens d’éviter les unes et de valoriser les autres. Les états subissent une érosion du pouvoir intérieur, tandis que la diplomatie peine à faire entendre sa voix. Tout en voulant affirmer une hégémonie sur ce qu’ils pensent être leur zone d’influence, ils perdent la main au profit de puissants groupes transfrontières non-étatiques, certains volontairement armés pour entretenir les peurs : ONG, institutions religieuses, puissances financières, entreprises transnationales, diasporas, milices paramilitaires, réseaux terroristes ou criminels. La mondialisation n’efface en rien les disparités parfois insoutenables entre états. A une extrémité du spectre on trouve les pays riches, démocratiques, libéraux, laïcs, grosso modo appartenant à l’occident ou partageant ses valeurs de liberté, droits de l’homme, éthique, tolérance. Le vieillissement de leurs populations en âge de travailler augmenterait la demande de main d’œuvre pour générer de la croissance et financer la prise en charge du grand âge, s’il n’existait une si forte hostilité à l’immigration de masse. A l’opposé se trouvent des pays en faillite ou trop faibles, en surpopulation, dont les jeunes sans éducation ni qualification sont les proies faciles pour des organisations qui rejettent en bloc l’occident et ses idées.
(1) Il s’agit du NIC (National Intelligence Council) traduit par Conseil National du Renseignement qui se défend d’être aucunement porte-parole de l’administration américaine
(2) Les TIC désignent les technologies de l’information et la communication, autrement dit : internet, réseaux sociaux, intelligence artificielle, robots, big data, MOOC, objets connectés, cyberattaques …