Quand j'étais mort
de André-Joseph Dubois

critiqué par Ddh, le 30 mai 2017
(Mouscron - 82 ans)


La note:  étoiles
Un romancier peut devenir inoubliable. N'est-ce pas Victor (HUGO)
Quand j'étais mort, moi, l'écrivain AJD, sur demande de l'éditeur, « on » a trifouillé mon ordinateur pour y trouver un quelconque projet à publier.
André-Joseph Dubois, Liégeois de naissance, a obtenu avec L'Oeil de la mouche, son premier roman édité en 1981, le Prix Félix Denayer de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Un deuxième roman sort deux ans plus tard et puis plus rien jusqu'en 2012. Quand j'étais mort est son sixième roman.
Cyril Robin, écrivain, est chargé de rechercher dans l'ordi de son ami écrivain AJD récemment décédé des textes qui pourraient intéresser le lecteur. C'est aussi l'occasion de jeter un œil sur le monde de l'édition, les à-côtés « coups de griffes ». Qu'il est plaisant de cheminer le long des rues de Liège ! Le Prix Goncourt fait toujours rêver ainsi que la vie littéraire parisienne ! L'amitié est au rendez-vous avec son pote Paul. Et de plus, Zerna, la Sicilienne, nous fait entrer dans la Trattoria, le Ristorante avec ses cousins aux humeurs maffieuses.
Au fil des chapitres, le lecteur passe d'un personnage à l'autre et s'enrichit du contexte à imaginer, de la vie de ces héros.
Se lit agréablement 8 étoiles

C’est l’histoire de AJD, un écrivain liégeois assez méconnu.
C’est l’histoire de Cyril Robin, lauréat du prix Goncourt qui se réfugie à Liège.
C’est l’histoire de Zerna, une jeune sicilienne émigrée à Liège.
C’est l’histoire d’un resto italien, L’Altro Mundo, place Delcour en Outremeuse.
C’est l’histoire d’un peu tout cela. L’action se déroule de nos jours.

Un bon roman qui se lit agréablement et qui contient quelques excellentes réflexions comme celles reprises ci- dessous.

Extraits :

- « Pourriez-vous donner le nom d’une multinationale brésilienne ? Difficile, non ? Plus encore que de nommer un Belge célèbre. » The Economist, 21 septembre 2000.
- Elle a la taille, le gabarit, les membres d’un gamin de douze ans ; aucune poitrine perceptible ; des cheveux bruns et drus taillés très court. Bon sang, pense AJD, comment un corps aussi étriqué peut-il contenir tous les organes nécessaire à la vie ?

- Les écrivains sont ainsi : le seul interlocuteur qui compte, c’est eux-mêmes.

- A l’époque mérovingienne, nos belles campagnes devaient ressembler à la Lybie ou à la Syrie d’aujourd’hui en plus verdoyant : un immense jeu de massacre de Tournai à Strasbourg. Dans cet océan de barbarie émergeaient quelques îlots de quiétude, des monastères où on lisait saint Jérôme en boucle pour oublier les duretés du temps.

- Si les Liégeois parlent indiscutablement le français, la plupart le font avec un accent agricole ; c’est comme une pesante charrue qui labourent leurs phrases en profondeur, fait remonter une puissante odeur de glèbe et ramène au jour des sons, des tournures ou des mots oubliés depuis des siècles.

Catinus - Liège - 72 ans - 25 janvier 2018