Monet, Nomade de la lumière
de Salva Rubio (Scénario), Efa (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 27 mai 2017
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Impressions d'une vie haute en couleur
Cette biographie retrace les grandes étapes de la vie de l’homme qui révolutionna la peinture au XIXe siècle. On y assiste à sa rencontre avec Eugène Boudin, qui lui transmit sa passion pour cet art, puis avec ses frères d’armes, Renoir, Bazille, Sisley, Cézanne et Pissaro, avec qui il fonda le groupe des Impressionnistes. Pour Monet, il fallait se rebeller contre la dictature de l’Académie, qui voulait maintenir la peinture cloitrée dans les ateliers. Lui, il estimait nécessaire de l’amener au grand air et à la lumière naturelle, d’y faire jaillir les couleurs, mais aussi de privilégier la sensation visuelle au détriment du détail. Malheureusement, ces « révolutionnaires » se heurtaient à la morgue des Académiciens qui les laissaient à la porte du salon des Arts officiel, les empêchant ainsi d’accéder à la notoriété. Mais Monet ne renia jamais son style, convaincu d’être dans le sens de l’Histoire, qui lui donna raison par la suite. Pourtant, sur le moment, il dut faire face à la précarité tout en s’endettant pour subvenir à ses besoins. Il connut des périodes difficiles, notamment avec la perte de son épouse Camille, emportée par la maladie.

Plutôt bien construit, le récit, dominé par la voix off du peintre, s’ouvre sur les derniers moments de sa vie avant d’enchaîner sur un long flashback depuis l’enfance. Salva Rubio s’attache à l’homme en tentant de cerner la passion qui l’animait, car il l’a bien compris : Monet était voué corps et âme à son art. Cette biographie, fidèle à la vérité historique, est davantage une réussite sur la forme. Le traitement graphique est magnifiquement réalisé, s’imposant comme un hommage brillant au peintre impressionniste, dont le style et les toiles sont souvent évoqués avec brio, sans que soit négligé pour autant un certain réalisme. On a parfois l’impression d’être immergé dans les œuvres du peintre, mais Efa, qui visiblement sait rester modeste, évite de singer bêtement la patte de l’auteur des Nymphéas, ce qui d’ailleurs aurait pu se révéler épineux dans le cadre d’une bande dessinée biographique.

Avec « Monet, nomade de la lumière », c’est la lune de miel entre la peinture et le neuvième art qui perdure, et de fort belle manière. Si l’on en croit la préface, l’ouvrage est en outre validé par Hugues Gall, directeur de la Fondation Claude Monet et du musée de Giverny. Des auteurs à découvrir pour (re)découvrir un des plus grands peintres du XIXe siècle dont les œuvres ont conservé toute leur modernité et sont désormais admirées dans le monde entier.