Dans l'attente de toi
de Alexis Jenni

critiqué par Killing79, le 26 mai 2017
(Chamalieres - 44 ans)


La note:  étoiles
Définitivement non!
"Dans la lumière qui glissait par les fissures du volet ce matin-là, je t'ai vue lentement apparaître, j'ai vu se découper l'ovale de ton épaule, la courbe ample de tes fesses, la ligne de ta nuque. Tu dormais encore. Je parcourus ton corps qui se détachait dans l'ombre, je n'appuyais pas, je ne saisissais rien, je t'effleurais. Et je ressentis l'extrême beauté de ta peau. J'aimerais trouver le mot exact pour décrire ce moment-là mais toujours il se dérobe. Faute de mots, je m'aiderai de la peinture. Elle sera une sorte de métaphore, une série de digressions, un miroir tendu à mes lèvres. Bonnard, Picasso, Rembrandt, d'autres encore, réussiront à traduire l'émotion infinie que j'ai à te toucher, à te regarder... à t'aimer."


Mon avis: Pour déclarer sa flamme à sa bien-aimée, Alexis Jenni utilise ses cinq sens. Il sait très bien définir son ressenti par la vue, l’ouïe, l’odorat et le goût mais le toucher lui pose problème. Il n’arrive pas à le préciser avec des mots. Il décide donc de mettre en parallèle sa passion pour la peinture, afin d’exprimer ce sentiment.
Chaque chapitre est consacré à un tableau. Il décrit ce qu’il voit, ce qu’il imagine et s’arrête sur certains détails importants pour lui. Les œuvres s’égrainent ainsi au fil des pages. Cela permet à l’auteur de nous présenter ses artistes préférés et ceux qui le touchent le plus. On en profite aussi pour apprendre des informations sur cet art et s’intéresser un peu plus au sujet. C’est donc un livre qui pourrait être instructif.
Malheureusement je n’ai pas du tout accroché à cet ouvrage. Pour moi, cela n’a été qu’une succession de divagations intérieures, sans queues ni têtes. L’auteur utilise sa plume lyrique pour nous montrer son amour de la peinture, mais toutes ses réflexions m’ont semblé trop personnelles comme si le lecteur n’était pas invité. Je suis resté à la porte sans jamais entrer et je me suis donc ennuyé copieusement devant cet enchaînement d’analyses dénuées de sens.
Dans ce texte plus proche de l’essai que du roman, je n’ai pas compris le lien entre sa définition du toucher amoureux et ses contemplations de toiles de maîtres et seule la qualité de la prose m’a plu dans ses moments les plus réalistes.
Je n’avais déjà pas adhéré à son livre « L’art français de la guerre », qui avait pourtant remporté le Prix Goncourt. Je pense donc que la relation entre l’œuvre d’Alexis Jenni et moi est vouée à l’échec et que définitivement, je ne suis pas réceptif à son écriture… sans rancune !