La philosophie du porc et autres essais
de Xiao bo Liu

critiqué par Colen8, le 7 mai 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Vaincre par le courage de la vérité
Synonyme de richesse en Chine le cochon est le symbole de l’abondance. La philosophie du porc est le titre d’un essai du dissident chinois Liu Xiaobo parmi la sélection publiée ici revenant à Jean-Philippe Béjà universitaire et sinologue. Sur une vingtaine d’années jusqu’en 2009 Liu Xiaobo dénonce le cynisme des dirigeants en faveur de l’enrichissement servant à endormir les consciences au détriment de la morale. Il livre un plaidoyer constant pour porter la réforme politique vers la démocratie, la liberté de penser, les droits de l’homme, bref il met l’humanisme en exergue. Il était rentré exprès des Etats-Unis lors du mouvement pour la démocratie de 1989. Survivant au massacre du 4 juin qui a suivi l’occupation de la place Tienanmen il y revient systématiquement de même que sur la persécution contre la pratique spirituelle de la Falun gong, lancée arbitrairement par l’ancien dirigeant Jiang Zemin le 20 juillet 1999. Les milliers de victimes de ces tragédies ont été largement occultées ensuite par le pouvoir et oubliées des jeunes générations.
Cosignataire de la Charte 08(1), condamné à Pékin en 2010 pour subversion contre l’Etat(2), toujours incarcéré depuis, Liu Xiaobo s’était fait connaître comme jeune critique littéraire dans les années 80 en regrettant la médiocrité des intellectuels ayant renoncé à leur mission première, celle d’élever les esprits. Il leur reprochait leur conformisme lâche, le fait d'avoir tiré un trait sur l’abomination qu’avait été la Révolution Culturelle. Plus tard aux Etats-Unis quand il a pris la dimension du retard culturel entre la Chine et l’Occident, il s’est imprégné des droits de l’homme(3), de la force de la démocratie et s’est fixé l’objectif de défendre les libertés fondamentales. Son engagement sur des décennies marqué par des épisodes de privation de liberté a été couronné par le prix Nobel de la Paix. Avec une forme de naïveté dans l’expression, prônant la non-violence il ne cesse de déplorer l’égoïsme des oligarques occupés à préserver leurs acquis parfois avec l’aide de la mafia, leur discours justifiant le totalitarisme par la nécessité de maintien de la stabilité, la corruption sans égale des élites.
(1) Manifeste publié par des intellectuels et militants des droits de l’homme en décembre 2008 pour promouvoir la réforme politique et le mouvement démocratique en Chine, reproduit ici
(2) Les articles justifiant sa condamnation sont également reproduits
(3) Inscrits de fait dans la constitution chinoise depuis 2004 et toujours inappliqués.