Dulmaa
de Hubert François

critiqué par Fanou03, le 2 mai 2017
(* - 48 ans)


La note:  étoiles
La dualité et l'envers du décor
Élisa est franco-mongole, mais ses parents sont séparés depuis de nombreuses années. Quand son père décède, elle se rend en Mongolie pour reprendre contact avec sa famille et demander à Dulmaa, sa mère, pour quelle raison celle-ci a rompu tout lien avec Élisa. Mais bien vite il va s’avérer que retrouver sa mère va être plus compliqué que prévu.

Dulmaa a tout l’air d’un roman initiatique, avec ses codes bien connus: notre héroïne mène une quête (retrouver sa mère), subit des épreuves, pour enfin parvenir à l'éveil tout au bout du chemin parcouru. Tout cela est traité à travers des éléments propres au conte, ou aux légendes, qui sont très présents. Le livre est cependant riche de bien d'autres influences. Il faut d'ailleurs souligner que c’est une des réussites de François Hubert : avoir su équilibrer avec justesse les influences de différents genres : le conte, comme on l’a déjà dit, en particulier à travers ce qui a trait au chamanisme, aux esprits ou encore aux animaux "magiques" comme le chien qui va guider Élisa à travers la steppe; le récit de voyage, mettant en valeur l’exotisme de la Mongolie, ses paysages, ses traditions; le roman d’aventure, avec les péripéties riches en émotion qui surgissent assez rapidement (auxquelles on ne s’attend pas), et qui emballent le rythme du livre.

Ce équilibre narratif sert très bien le propos qui, plus ou moins en filigrane, structure le livre: la réflexion sur la dualité et l’envers du décor. La possibilité de la compréhension des cultures est régulièrement interrogé, ainsi que notre rapport d’occidentaux face au Monde. Dans une Mongolie à la fois réaliste et fantasmée, Élisa, partagée entre deux cultures, deux pays et deux parents, est bien évidemment au cœur de ce jeu de miroir, ce dilemme identitaire: est-elle française, ou bien mongole ?

J'ai beaucoup aimé Dulmaa: dans un style extrêmement soigné, presque doux pourrait-on dire, Hubert François nous livre là en effet un beau roman, bien construit, bien écrit, extrêmement plaisant à lire, et qui ravira en particulier les amoureux de la Mongolie.