Elégies romaines
de Johann Wolfgang von Goethe

critiqué par Mœlibée, le 22 avril 2004
(Paris - 40 ans)


La note:  étoiles
Römische Elegien
Deux critiques : l’édition et l’œuvre.
Sans doute plus encore que pour les autres genres littéraires, traduire de la poésie, c’est la trahir. La maison des Mille et une nuits a donc très justement pris le parti d’une édition bilingue, où textes allemand et français se font face. On profite ainsi des sons et des rythmes des vers allemands (cette langue aussi sait être douce à l’oreille), sans en perdre le sens ni les subtilités, grâce à la traduction et les notes linguistiques, mythologiques et analytiques. Un précis historique de l’œuvre, l’étude et le commentaire du genre élégiaque, de l’œuvre elle-même, de ses multiples publications, de ses différentes traductions, les repères biographiques et bibliographiques de l’auteur, complètent ce petit bouquin soigné et très fourni, à seulement 1,52 €. Enfin, au gré des pages qu’ils agrémentent, on goûte avec malice les dessins de stèles ou idoles priapiques, de scènes orgiaque et libertines.
Car ces Élégies sont une ode à la civilisation antique, embellie par la vision nostalgique et romantique du XVIIIème siècle, et celle plus enthousiaste encore de Goethe, qui en loue la grandeur spirituelle, esthétique et sensuelle. Dans ses strophes érotiques, aussi crues qu’élégantes, il instille le bonheur et le plaisir — tous deux indissociables — de l’amour qu’une romaine lui inspire, d’instants charnels, et exalte le corps et les sens. Aussi ces vers constituent-ils le manifeste personnel et plein de sincérité d’un honnête homme qui assume et revendique ses désirs et les délices de la vie, au milieu du scandale que provoqua leur publication.
Ce livre n’est pas chaste, et c’est une bonne raison de le lire.