Mathias
de Mathieu Fortin

critiqué par Libris québécis, le 23 avril 2017
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Un ado obèse
Il faut entendre le numéro de l’humoriste Lise Dion sur son obésité pour se rendre compte que le poids fait partie de nos préoccupations. Aujourd’hui être bien enrobé discrédite ceux qui dérogent à la norme de plus en plus sévère de l’image idéale que l’on impose aux mannequins.

Mathieu Fortin a délaissé la littérature fantastique pour consacrer son dernier roman à ce sujet en suivant un adolescent de 16 ans bien en chair. Évidemment son renflement adipeux est la risée de ses pairs au point qu’ils en ont fait leur souffre-douleur. Comme les kilos excédentaires désavantagent ceux qui sont obligés de participer aux activités sportives de leur école, il va de soi que ces derniers ont de la difficulté à suivre leurs confrères plus sveltes. Courir un marathon, en l’occurrence à l’école que le héros Mathias Cantin fréquente, représente un défi presque insurmontable. Il a pourtant parcouru la distance, mais il fut le dernier à la franchir, longtemps après les autres.

Après son 4e secondaire (1er année du lycée), il s’oblige à suivre une cure d’amincissement. Chaque jour de l’été, il se livre à de longues marches. Au fil des semaines, il emprunte même le pas de course pour quelque temps. Cet entraînement serait plus bénéfique si le syndrome de Münchhausen était inexistant. Les parents contribuent, souvent bien involontairement, aux malaises de leurs enfants. La mère de Mathias remplit l’assiette de son fils à ras bord, et son père, décédé de son obésité, l’a entraîné dans son sillage. Mais tout bascule à son avantage quand une consœur de classe se joint à lui pour jogger. Espère-t-il ainsi affronter le marathon de l’entrée scolaire sans se faire ridiculiser.

Sur cette trame, l’auteur a peint le cheminement complet d’une cure pour une réduction de poids. En fait, son roman ressemble à un guide pour un amaigrissement réussi. Le succès peut être compromis si l’on ne profite pas en plus de l’expérience de quelqu’un d’aguerri en la matière. Ses conseils seront d’autant plus importants une fois l’objectif atteint. Les fringales ne chôment jamais au royaume de l’embonpoint. Mathias trouve son gourou dans le professeur d’éducation physique, un ex-obèse qui lutte toujours pour garder sa taille. Révélation qui stimule l’élève prêt à marcher dans les pas du maître.

Les épreuves maintenues pour améliorer son état comportent aussi son lot d’avantages. On se sent mieux dans sa peau. Et plus encore, c’est sans compter l’attrait que l’on peut représenter aux yeux des filles. Le plaisir est plus grand quand on tombe dans l’œil de la copine de son pire ennemi. Enfin, la nouvelle enveloppe charnelle du héros le porte à mieux s’aimer, mais surtout il apprécie de s’être fait aimer.

Le roman s’adresse aux jeunes, mais tous ceux qui souffrent d’embonpoint peuvent en profiter. La démarche est exhaustive. Et la narration au JE donne un caractère d’authenticité à l’œuvre. Le bémol viendrait de l'idéalisation de la recette proposée.