Par amour
de Valérie Tong Cuong

critiqué par Psychééé, le 22 avril 2017
( - 36 ans)


La note:  étoiles
Intense
Valérie Tong Cuong nous narre la seconde guerre mondiale dans un Havre assiégé et la lutte acharnée d’une famille pour survivre. Tour à tour, chacun des membres, parent comme enfant, raconte le quotidien de son point de vue, repris par un autre : Lucie, Muguette, Emélie, Jean … Et c’est merveilleusement bien évoqué. La grande Histoire côtoie celle, fictive, de cette famille qui a vécu le rationnement, les bombardements, le retour du front des hommes voire leur emprisonnement et par-dessus tout, le poids de la guerre. C’est aussi l’occasion de se rendre en Algérie où les enfants ont eu la possibilité d’être envoyés temporairement dans des familles d’accueil pour échapper aux bombardements.
Intéressant pour son côté historique, Par amour l’est tout autant pour cet intense récit familial qui m’a fait pleurer à chaudes larmes et qui explore nos sentiments les plus profonds. J’ai été fortement touchée par la douleur des mères, les difficultés du quotidien et l’amour hors normes qui unit ce foyer. Finalement, l’auteur nous offre une véritable leçon de vie pour nous montrer jusqu’où l’on est capable d’aller par amour. Magistral !
Dans l'enfer du Havre 8 étoiles

Ma maman est née en 1935 au Havre, rue Demidoff. La rue où se passe la première scène d’exode avec Émélie, ses enfants Lucie et Jean et Muguette, sa sœur et ses enfants Joseph et Marline. Leurs maris respectifs Joffre et Louis sont partis à la guerre et ne donnent plus de nouvelles.
La ville est rapidement occupée par les allemands, et les épreuves endurées par les havrais s’accumuleront jusqu’à la destruction totale du centre ville.
Ils sont nombreux les choix qu’ils auront à faire pendant tous ces mois ; soutenir Pétain et accepter l’occupation ou entrer en résistance, laisser partir les enfants sans certitude de les revoir ou les garder dans une ville constamment bombardée ?
Une déchirure de tous les instants, quand la survie ne tient qu’au hasard, creusant des tombes, déchirant des familles, par l’éloignement ou par des comportements décevants.

Valérie Tong Cuong s’est parfaitement bien documentée. (D’ailleurs le titre de ma critique est emprunté à un livre qu’elle aussi a lu.). Allant jusqu’à citer les titres de chansons de l’époque, et des mots locaux comme " poulot/poulotte."
Malgré tout ce que j’ai lu sur cette ville martyre, malgré (ou à cause) des souvenirs de petite fille de ma maman, j’ai été touchée par la vie de ces familles ; j’ai aussi découvert l’évacuation des enfants en Algérie.
Une lecture marquante, aux personnages attachants, un récit bien construit, sensible et cohérent, une lecture mémoire pour moi, dont le seul défaut à mon avis, est son titre.

Marvic - Normandie - 65 ans - 5 mars 2024


La guerre vue de l'intérieur d'une famille 10 étoiles

Juin 1940. La guerre éclate au Havre et bouleverse le quotidien de deux familles, celles de deux sœurs : Muguette l’insouciante et son aînée Emélie plus sévère. Leurs maris sont partis à la guerre et Louis, le mari de Muguette, a été fait prisonnier de guerre. Les sœurs sont contraintes de partir en exode avec leurs enfants, pour revenir quelque temps plus tard. Joffre, le mari d’Emélie revient à la maison à la capitulation, rongé par la honte de la défaite. Emélie et lui sont installés dans une école dont ils sont les concierges. Hélas, les soldats allemands viennent y établir leur quartier.
Pendant ce temps, Muguette attrape la tuberculose et est obligée d’aller se soigner dans un centre spécialisé. Ses enfants sont alors envoyés en Algérie dans des familles séparées.
Ce roman éclaire la manière dont la guerre peut changer les relations interpersonnelles et intra-familiales. Elle peut souder autant qu’elle peut diviser. Les silences sont particulièrement importants dans cette histoire. Chacun tente de protéger ses proches comme il peut, tant les enfants envers leurs parents que l’inverse, par amour. Cette histoire trépidante, à rebondissements, sur fond de grande Histoire, nous emporte et nous bouleverse au gré des turbulences.
Je ne connaissais pas les destructions intensives que Le Havre a dû encaisser, encore moins par les alliés. J’ai appris les évacuations des enfants dont je n’avais pas entendu parler. Valérie Tong Cuong exprime bien le tiraillement des enfants placés dans des familles et dont l’affection est déchirée entre leur famille d’origine et celle qui les recueille.
Chaque personnage raconte l’histoire de chapitre en chapitre, en alternance, ce qui permet de mieux comprendre le point de vue de chacun.
Palpitant !

Pascale Ew. - - 56 ans - 6 juin 2023


Une famille harise dans la tourmente 7 étoiles

Bonjour les lecteurs ...

Après " l'atelier des miracles ", je me suis plongée dans le dernier livre de Valérie Tong Cuong.

Je dois avouer que mon choix a été influencé quand j'ai lu que l'action se passait au Havre, ville qui l'a accueillie pendant plus de 25 ans

Le livre débute au Havre en 1940..
Nous allons suivre une famille ordinaire pendant les 5 années d'occupation.
On y retrouve 2 soeurs Emélie et Muguette avec leurs maris et leurs enfants.
Les deux soeurs s'adorent mais tout les oppose .. l'éducation, les idées politiques, les maris.
Les hommes partis au front, les deux femmes vont connaitre l'exode avec leurs progéniture, ensuite ce sera le retour du mari d'Emélie tellement changé, l'exil des enfant de Muguette en Algérie, la maladie, la résistance, les désespoirs, les espérances.

L'auteure s'est inspirée de l'histoire de sa famille havraise pour retracer ces 5 années de terreur.
Avec ce roman choral, elle aborde de nombreux sujets dont le principal est l'Amour bien entendu (aussi bien l'amour maternel et filial que l'amour entre deux soeurs, entre un homme et une femme ).
Elle se pose aussi de nombreuses questions ( qu'aurions-nous fait à leur place? serions-nous restés ou aurions-nous fui?, aurions-nous résisté ou aurions-nous cédé face à l'ennemi ? ).

Valérie Tong Cuong a fait un très grand travail de recherche ( rendu complexe par la disparition de nombreuses archives havraises suite aux multiples bombardements de la vile) et il en ressort un très bon " page turner ".

Pour ma part, j'ai trouvé quand même certaines situations convenues et les personnages légèrement stéréotypés.
Un peu trop de clichés!
La lecture reste plaisante malgré tout.

Faby de Caparica - - 62 ans - 29 avril 2018