Sur la neige de Pierre Wazem (Scénario), Aubin (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers

Critiqué par Sahkti, le 21 avril 2004 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 49 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 297ème position).
Visites : 3 826  (depuis Novembre 2007)

Etrange shérif

Une petite ville de province dans le nord des Etats-Unis, beaucoup de neige et Spencer, un jeune shérif qui décide de briser la loi du silence sur une usine pas très nette au risque de se mettre à dos les notables de la bourgade.
L’histoire se déroule entre le lever et le coucher du soleil avec une ambiance de neige omniprésente, du blanc partout, un peu comme dans Fargo des Frères Coen (que je vous recommande absolument!). Cette neige nourrit les silences et les vides, elle construit le récit et pousse à la réflexion. Les rigueurs hivernales ne déstabilisent en rien les habitants de la ville qui y sont habitués, le manteau neigeux constitue une chape de plomb qui offre un silence bienvenu pour masquer la vérité que cherche à mettre au grand jour un jeune shérif très attachant. Cela commence avec une bagarre dans un bistrot, des alcoolos qui se tapent dessus, le shérif intervient, il s’en prend plein la figure mais arrive à coffrer les poivrots qui passent la nuit derrière les barreaux. Au petit matin, le directeur de l’usine locale débarque, furieux, parce que ses hommes, arrêtés par Spencer, n’ont pu se présenter à l’heure au travail. Le shérif tient bon, les bagarreurs paieront pour leur délit, le directeur ne l’entend pas de cette oreille et va se plaindre au maire, la lutte d’influence commence, Spencer est dans le collimateur mais il décide de s’accrocher. Et il le fera avec une déconcertante placidité face aux pressions qui s’abattent sur lui. Un homme vraiment étrange, presque bizarre, qui reste muet, puis sort des phrases à la Jean-Claude Van Damme ("on sait jamais quand c’est assez ; on le sait seulement quand c’est plus qu’assez").
C’est très drôle.

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9 étoiles

Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 67 ans) - 6 janvier 2023

Puisqu’un ami sur Facebook m’a gentiment rappelé l’existence de cette bande dessinée que je n’avais pas repris en main depuis une dizaine d’années, j’ai décidé de relire « Sur la neige » de façon à reprendre conscience du travail des auteurs, en particulier du dessinateur Antoine Aubin…

Commençons juste par préciser que cette histoire était parue dans la collection Tohu Bohu, un label des Humanoïdes associés. J’ai beaucoup apprécié cette collection que j’ai gardée chez moi et qui m’avait permis de découvrir plusieurs auteurs… Maintenant, certains de ces jeunes auteurs sont devenus très connus comme Antoine Aubin qui dessine, excusez du peu, les aventures de Blake et Mortimer…

Dans cette histoire, le réchauffement climatique n’est pas encore d’actualité car elle se déroule entièrement sous la neige, sur la neige aussi d’ailleurs… On est dans une petite ville américaine, assez isolée, perdue dans la campagne. Cela peut ressembler au Middle West. Cette zone de vie se résume, en tous cas pour les auteurs, à un bar, un bureau de shériff (avec ses cellules), et une usine de fabrication de gaz. Le tout semble entouré de champs…

Depuis longtemps la ville semble menée par son directeur d’usine qui tient tout le monde dans ses mains à commencer par les ouvriers, le maire, le shérif… Ce dernier, frêle et indécis, va pourtant se révolter un soir. Il décide d’arrêter trois leaders de l’usine semant le bazar après avoir bu… Anodin mais cet acte va avoir beaucoup de conséquences quand le directeur de l’usine veut les faire libérer le lendemain matin…

Toute corruption a un jour sa fin, tout lâche peut devenir un héros et ce qui semblait immuable peut trouver une issue imprévisible auparavant… Dans cette histoire rien n’est très étonnant, tout arrive paisiblement et sans prévenir mais avec efficacité. La narration graphique est si puissante que de nombreuses pages sont sans texte et pourtant très fortes…

Je sais que certains n’aiment pas trop le « noir et blanc » mais franchement, ici, on voit éclore un dessinateur qui, maintenant, est reconnu de façon absolue… C’était en 2004 et en 2022 est sorti son majestueux album des aventures de Blake et Mortimer, « Huit heures à Berlin »… Quel chemin parcouru !

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