Hong-Kong et Macao
de Joseph Kessel

critiqué par Colen8, le 5 avril 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Anciennes cartes postales
Le grand reporter et le romancier que fut Joseph Kessel s’expriment tous deux dans ce récit d’un voyage en Extrême-Orient de 1957, il y a donc 60 ans. Le delta de la Rivière des Perles ouvrait sur la baie de Canton parsemée d’une infinité d’îlots avec à l’est l’archipel et l’île principale de Hong-Kong colonie anglaise, et à l’ouest la presqu’île de Macao colonie portugaise, avant leur retour territorial à la souveraineté de la Chine. Rien ne laissait prévoir l’expansion économique fantastique de cette ex province cantonaise devenue l’une des régions chinoises les plus prospères, que l’on appelle d’aujourd’hui le Guandong.
Quelques histoires de vies hors normes et joliment écrites sont autant de quasi nouvelles mélangées à des tableaux peignant d’étonnants contrastes. A côté de la splendeur des paysages, il y a l’ambiance triste et glauque de ces bouts d’Europe où s’agitent d’étranges personnages adonnés à toutes sortes de trafics. Hong-Kong a été arrachée par les riches marchands britanniques d’opium à un Empire Céleste en déclin au XIXe siècle. L’arrivée massive de millions de chinois ayant fui le régime communiste avait transformé en abominable bidonville les faubourgs de Kowloon situés sur l’étroite bande côtière du continent face à l’île. Macao un peu plus à l’écart peuplée de portugais presque tous métissés de chinois avait repris l’apparence d’une charmante bourgade de province portugaise après avoir longtemps prospéré par les jeux.
Cités tentaculaires, opium et tripots 8 étoiles

Dans les années 1950, entre les cavaliers d'Afghanistan et les carrières de pierres précieuses de Birmanie, Joseph Kessel, grand voyageur puis membre de l'Académie française, nous emmène dans deux cités coloniales occidentales en Chine littorale, Hong-Kong et Macao, respectivement louées par le Royaume uni et le Portugal.
Dans les deux cas, nous y découvrons un urbanisme foisonnant, tentaculaire, habité d'une population grouillante, à l'existence souvent assez rude pour vivre dignement ; et, au milieu de tout cela, des activités en marge viennent attirer les Occidentaux et détourner les autochtones de la droite ligne, l'opium, omniprésent à Hong-Kong, et les tripots, casinos souvent louches qui pullulent à Macao.
Les descriptions sont délivrées de manière truculente, par des paysages, découvertes, dialogues truculents et scènes déconcertantes, voire dépaysantes. Cette lecture vaut le détour.

Veneziano - Paris - 46 ans - 31 octobre 2018