Long Island
de Christopher Bollen

critiqué par Alapage, le 4 avril 2017
( - 50 ans)


La note:  étoiles
Surprenant
Malgré que Long Island soit une œuvre de fiction, il n'en reste pas moins que parfois nous avons l'impression de rentrer directement au sein d'une micro-communauté américaine. L'auteur a su trouver les mots justes pour nous faire sentir comme partie prenante au récit.

Orient est une petite ville d'environ 700 habitants et qui est à un point tournant de son existence. Effectivement, les artistes de New York envahissent progressivement ce petit coin et cela dérange! Les habitants ont une telle étroitesse d'esprit face à l'inconnu que l'on se croirait revenir un siècle en arrière. L'élément central de leurs attitudes face aux étrangers vient de la peur qu'ils ressentent. Peur basée en grande partie par leurs préjugés.

Même Beth qui a passé son enfance à Orient est devenue une étrangère à leurs yeux car elle a osé aller vivre quelque temps à New York. Depuis qu'elle est revenue à Orient pour fonder une famille avec son mari artiste, elle est pointée du doigt par ceux qu'elle connaît depuis toujours. Elle ne sera plus jamais l'une des leurs!

Il y a également Paul qui revient à Orient avec un jeune homme qu'il a pris sous son aile. Mills a besoin d'un coin tranquille pour reprendre pied dans la vie. D'ailleurs, dès le prologue, Mills nous captive : "Si j'étais resté à New York, j'aurais sans doute commis toutes sortes de délits indicibles. Au lieu de cela, je suis venu à Orient pour en repartir deux mois plus tard, coupable du seul crime d'avoir recherché mon propre salut. que pourrais-je bien vous dire d'autre que vous ne croirez pas? Que j'ai vu le visage du tueur, la nuit de mon départ? C'est la vérité, pourtant. J'ai allumé un signal de détresse dans la pénombre et reconnu une personne aux traits si communs que quiconque pourrait la croiser dans la rue sans sourciller. Voire lui dire bonjour."

Lors d'une balade autour de l'île où Beth fait découvrir le coin à Mills, les habitants découvriront la première victime. Et s'ensuivra par la suite une série d'événements qui malheureusement, pointeront Mills comme étant le coupable. Mais Beth sait que Mills n'a rien fait et fera tout en son pouvoir pour tenter de lui venir en aide. Avec l'aide de Mills, celle-ci partira à la recherche du vrai coupable.

Au sein d'un si petit village, l'on se rend compte que les secrets ne sont pas si bien cachés que cela. Et tout le monde semble avoir quelque chose à se reprocher. Au fil des pages, on ne sait plus où donner de la tête. On dirait que toute l'île entière semble coupable ou avait de bonnes raisons pour avoir commis tel ou tel crime. Les soupçons partent dans tous les sens.

Certaines longueurs à prévoir, surtout en lien avec la grossesse de Beth. Mais également lorsque l'auteur rentre en détails face au paradigme de l'art tel que vu par les ses personnages. N'empêche que Long Island m'a laissée une forte impression positive. Je suis réellement surprise par ce thriller tant par la fin que par l'approche que l'auteur a choisie pour décrire les habitants et la culture de l'île. Combien de personnes sont-elles coupables sur la seule base d'être des étrangers?
Excellent ! Machiavélique ! 9 étoiles

Orient, une petite ville sur une presqu’île à la pointe de Long Island, proche de Manhattan, « envahie » par des artistes new-yorkais.

Mills, un jeune vagabond, est recueilli par Paul, natif d’Orient. Paul l’amène à Orient pour l’éloigner de la drogue et pour qu’il l’aide à faire des travaux dans sa résidence secondaire.

Quelques extraits du prologue :
« J’ai appris trop tard une leçon précieuse sur la vie dans les recoins privilégiés de l’Amérique : l’existence se paye au prix d’actes cruels, de trahisons et de mesquineries. Je suis arrivé à Orient à la fin de l’été et je portais alors le nom de Mills Chevern. Je venais en toute innocence ou presque »
« Je sais désormais que toutes ces morts se seraient produites avec ou sans mon arrivée »
« Je suis venu à Orient pour en repartir 2 mois plus tard, coupable du seul crime d’avoir recherché mon propre salut »

Au début du roman, ce ne sont que des intrigues dans une petite communauté, mais très rapidement, il y a des morts (des meurtres ?)

Mills, l’« étranger », est un coupable tout trouvé…
On ne connaîtra le vrai coupable que dans les toutes dernières pages

Une intrigue captivante, entre les habitants « historiques », ceux qui refusent tout changement, les écolos et les « nouveaux », riches artistes. Beaucoup sont suspects et/ou auraient un bon mobile…

Une critique de l’art moderne, où certains payent des millions de dollars pour ce qu’on ne peut réalistement appeler que « déchets », le but n’étant en fait que placement financier…

Un livre addictif !

Ludmilla - Chaville - 68 ans - 2 juin 2021