Les petites filles
de Julie Ewa

critiqué par Krys, le 27 mars 2017
(France-Suisse - - ans)


La note:  étoiles
Suspense et contexte : tout y est
Personne ne peut sortir indemne de ce roman. L'intrigue tout d'abord est très bien ficelée, et maintient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière ligne. L'écriture de Julie Ewa est tout à fait adaptée à cette histoire, avec des courts chapitres qui sautent de 1991 à 2013 continuellement avec une aisance et une logique parfaites.
Lina, le personnage principal, est plongée au coeur du trafic d'enfants en Chine où sévit la politique de l'enfant unique. Elle découvre l'ampleur du désastre en même temps que le lecteur, et c'est évidemment tout ce contexte mafieux et inhumain que l'on retient le plus.

Ce livre est sidérant, par la facilité avec laquelle il nous amène à ouvrir les yeux sur ces trafics.
Il se lit très vite, car on a du mal à le lâcher !
Je le conseille vivement, pour tous lecteurs avertis.

Le seul bémol que j'y vois est le côté "attendu" et cliché : les européens bien pensants et plein de bonne volonté arrivent en terre étrangère (pauvre village chinois) et mettent à jour une corruption de plusieurs décennies. En faisant abstraction de cela, c'est parfait !

Julie Ewa a obtenu, avec ce premier roman, le prix sang d'encre des lycéens 2016 ainsi que le prix du polar historique 2016.
Effroyables coutumes 7 étoiles

Juillet 2013 : Lina Soli, jeune et belle étudiante orpheline, décide d’aller passer une année à Canton en Chine pour parfaire son mandarin. À peine arrivée, elle est contactée par Thomas Mesli, membre d’une ONG, Coeur d’enfants, qui enquête sur des disparitions d’enfants, particulièrement dans le village reculé de Mou di.
C’est dans ce village que vivent en 1991 Li-Li Dai, Sun et Lu-Pan Tang, ainsi que quelques familles, appliquant les coutumes ancestrales, comme celle de l’enfant unique et surtout, de la naissance d’un fils, seul capable d’assurer la descendance et la protection de ses parents.
Seule Sun a osé braver les les lois, en élevant Chi-Ni, son adorable fillette de 6 ans, et qui attend son deuxième enfant. Et quand sa petite fille disparaîtra, elle prendra tous les risques pour la retrouver.

Lina part donc sur les traces de Sun et Chi-Ni plus de 20 ans après leur disparition.
Dans ce village éloigné, isolé et hostile, Lina retrouve les mêmes habitants ; mais son arrivée et ses questions ne sont pas appréciées, provoquant la mort des personnes qui ont osé lui parler.

S’il peut s’avérer surprenant et peu crédible de retrouver (presque) tous les personnages au même endroit, la (re-)découverte des coutumes effroyables est édifiant ; le calvaire des enfants étant particulièrement difficile à lire.
L’alternance des chapitres sur les deux femmes, l’une à la recherche de l’autre, mais bravant toutes les deux des interdits, des dangers, maintient un rythme soutenu.
Les personnages sont assez stéréotypés, et on devine assez vite où se trouvent les trahisons.
Un livre cependant bien construit et suffisamment original pour intéresser le lecteur.

Marvic - Normandie - 65 ans - 12 mars 2019


Sujet passionnant, traitement un peu naïf 7 étoiles

« Les petites filles » traitent d’un sujet fou, d’autant plus fou qu’il existe probablement encore, en Chine comme en Inde (2,4 milliards d’habitants à eux deux !) ou qu’il a au moins existé de manière non marginale. Il s’agit du sort des petites filles, considérées en Chine comme bloquant la possibilité d’avoir un garçon dans le cadre de la politique de l’enfant unique, du temps de cette politique, et en Inde comme dispendieux puisqu’il faudra se ruiner pour constituer une dot. Les filles vécues comme un boulet ! Merci la belle vie en Asie !
Ici nous sommes en Chine, dans un village reculé. En 1991 la politique de l’enfant unique bat son plein et Sun Tang c’est une fille qu’elle a eu, Chi Ni, il y a six ans. Et Chi Ni n’a pas été déclarée aux autorités (apparemment une non-démarche qui existait ( ?) largement), et Sun Tang attend un nouvel enfant. Lu Pan, son mari, est un paysan sans éducation ni scrupules, qui est encore sous l’influence de sa mère, mère qui n’a pas digéré que sa belle-fille n’ait pu concevoir qu’une fille pour l’instant. Lu Pan va faire en sorte que Chi Ni disparaisse. Sun lâchera tout pour tenter de retrouver sa fille.
2013. Lina, jeune étudiante française, qui a aussi connu des vicissitudes dans sa vie d’enfant et milite dans une association qui vient en aide aux enfants hospitalisés, plaque tout pour partir un an à Canton poursuivre ses études. Elle pratique la langue chinoise et est aussitôt son arrivée interceptée par Thomas, un Français oeuvrant dans l’humanitaire, qui vient lui demander son concours pour mener une enquête sur des disparitions de femme et d’enfant. Contre toute attente, son passé d’orpheline resurgit et elle accepte de se rendre à Mou Di pour tenter d’amadouer la population particulièrement peu loquace sur ce qui s’est passé, en 1991 comme de manière générale.
Elle vient loger au temple bouddhiste local, hébergé par le moine qui a bien connu Sun Tang et reste en contact avec Thomas d’une part et un policier chinois de haut rang, revenu de Pékin vers sa région d’origine pour suivre cette enquête.
Une enquête, alternant les évènements de 1991 et l’enquête de 2013, qui conduira tout ce beau monde devant des réalités inconcevables pour des occidentaux et, rendons à Julie Ewa ce qui appartient à Julie Ewa ; pour le coup elle ne fait pas preuve de naïveté et y va franco. Ce polar est une manière comme une autre d’exposer clairement ce que tout le monde sait et qui est rarement mis sur la table.
Quand j’évoque la naïveté c’est plutôt sur l’aspect enquête elle-même, traitée de manière un peu simpliste à mon goût.
Mais ce « Petites filles » mérite d’être lu pour qui s’intéresse au sujet ou (et) à la Chine.

Tistou - - 67 ans - 1 mars 2019


Bof... 5 étoiles

Lina vient en Chine pour perfectionner son chinois. Elle se retrouve embarquée dans la résolution de la disparition de Sun dans la Chine des années 1990, plus de vingt ans plus tôt.
Alternance de chapitres entre le présent de Lina (2013) et le présent de Sun (1991).

Le but de l’auteur me semble être la dénonciation des trafics d’enfants (surtout des filles) en Chine, de la corruption, de la mafia…

Totalement irréaliste, surtout pour les personnages français et la partie « actuelle » (2013). Lina semble découvrir les conséquences de la politique de l’enfant unique (après plusieurs années d’étude du chinois, aucune idée du contexte ?).
Une scène de sexe de 3 pages dont on se demande ce qu’elle vient faire là.

Autant je ne peux qu’être d’accord avec la dénonciation de ces scandales, autant ce roman policier me semble dispensable.

Ludmilla - Chaville - 68 ans - 25 février 2019