La nuit myope
de A.D.G.

critiqué par AmauryWatremez, le 24 mars 2017
(Evreux - 54 ans)


La note:  étoiles
Tribulations myopes
La Table ronde réédite des coups de cœur et cartes blanches de ses auteurs maisons, ou plutôt une carte noire, ici Jérôme Leroy. Je ne l'ai pas fait exprès, je m'en suis aperçu après avoir acheté le livre, comme quoi les affinités au moins littéraires subliment les brouilles. Celui-ci a choisi un ouvrage d'ADG de son vrai nom Alain Fournier. Il est sulfureux de par ses prises de position très à droite mais est un auteur délicat et subtil méritant d'être re-découvert, proche de Marcel Aymé, Jacques Perret, et Antoine Blondin pour l'errance éthylique des personnages.

ADG aimait la bonne chère, sa Sologne, son homonyme et la Littérature au dessus de tout le reste y compris la politique. Il était un anarchiste de droite selon le terme usité souvent à tort et à travers et qui pour lui est parfait. Son anarchisme de droite est surtout un non conformisme pour ennuyer les bourgeois pédagogues, tous ceux qui se piqueraient de poser aux arbitres des élégances morales et, ou culturelles. Il n'hésitait pas dans des chroniques sociétales à être très incisif, de trop sans doute aux yeux de ses détracteurs et contradicteurs.

On se doute bien que cela le rend immédiatement sympathique à mes yeux...

Cette courte histoire ne se pique pas de politique de toutes manières !

Domi, le personnage principal du court roman, erre dans le Paris nocturne des années 80 avec son chien Laskar après avoir quitté une soirée mondaine où il s'ennuyait quoi que bien entouré. Il est myope comme une taupe et a cassé ses lunettes, Laskar est son guide. Il rencontre des personnages improbables dont un veilleur de nuit matois, et finit par choisir l'aventure à la vie tranquille de jeune cadre dynamique. Ayant cassé ses lunettes et subissant une gueule de bois carabinée il part au hasard des rues de la Capitale.

Il ne se passe pas grand-chose de notable. Et pourtant le livre se dévore rapidement comme un petit déjeuner de lendemain de fête. L'auteur a un style bien à lui, fantaisiste et farfelu. Il réécrit les mots franglais de manière plus poétique qu'habituellement ainsi que le faisait déjà Marcel Aymé et joue sur les allitérations avec son héros qui aime bien s'amuser avec les mots lui aussi. Je laisserai le lecteur découvrir le tout.