Le djihad contre le rêve d'Alexandre
de Jean-Pierre Perrin

critiqué par Colen8, le 17 mars 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Le destin tragique d’un pays irréductible, fier et guerrier depuis toujours
Epris d’aventures, de littérature, d’art, de poésie, mêlant souvenirs personnels et récits historiques, Jean-Pierre Perrin livre une leçon géopolitique saisissante sur l’Afghanistan où il s’est rendu dès 1982 comme correspondant de guerre pendant l’invasion soviétique. Son analyse ne porte pas à l’optimisme d’après ce qu’il a vu, su et compris des ressorts du fondamentalisme islamique radical profondément incrusté dans les cœurs de groupes à structure tribale soutenus par les renseignements pakistanais, par des régimes du Golfe, armés un temps par les agents de la CIA avant d’en devenir les pires ennemis. Les ingérences successives dans une région au relief rugueux et chaotique n’ont été que des suites d’erreurs de par l’ignorance stupide doublée d’incompétence des puissances s’arrogeant le droit à la guerre préventive. On se demande ce qui a attiré les chinois à se porter acquéreur de la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert pour le montant faramineux de 5,6 milliards de dollars, comment ils vont s’y prendre pour la mettre en exploitation avec ce que ça implique en infrastructures pour en assurer les débouchés : la construction d’une ville assortie d’une centrale électrique et d’une ligne de chemin de fer.
En dehors d’Alexandre le Grand, de ses successeurs gréco-indiens pendant plusieurs siècles qui ont légué ces vestiges uniques qu’étaient les bouddhas géants de Bâmiyân avant leur destruction à l’explosif en 2001, aucune des conquêtes ultérieures ne semble avoir jamais été durablement acquise. Les plus grandes armées du monde embourbées dans des guerres asymétriques contre les moudjahidine puis contre les talibans n’y ont pas réussi : pas les britanniques à plusieurs reprises au XIXe siècle, soucieux de protéger la route de leur joyau des Indes contre les menaces de l’expansion russe vers le sud, ni les soviétiques dans les années 1980 craignant la menace des républiques musulmanes de leur périphérie, non plus que la coalition de l’OTAN sous égide américaine après les attentats du 11 septembre 2001. N’oublions pas non plus au XIIIe siècle les ravages d’une cruauté et d’une fureur sans égale infligés par Gengis Khan « le Maudit » au cœur de l’Asie centrale et dans les provinces afghanes qui ont durablement affaibli le développement de ces contrées lointaines pour nous.