Obsessions
de Jean-Jacques Schuhl

critiqué par Henri Cachia, le 18 février 2017
(LILLE - 62 ans)


La note:  étoiles
Pour les amateurs de J-J. Schuhl. Si, si, il y en a!
Oui, on peut être extrêmement irrité par le dandysme de Jean-Jacques Schuhl, De son écriture déstructurée, ou pas du tout, d'ailleurs.

Certaines nouvelles m'ont paru imbuvables à la première lecture, au point de vouloir laisser tomber ce livre que je pensais prétentieux.

Cette façon de naviguer dans tous les lieux du monde « où il faut être » sans y être, les vernissages, les bars, les restaurants, ou les réceptions mondaines, mais également le monde interlope. Où s'affichent les êtres supérieurs, qui connaissent tous ceux qu'il faut connaître, comme si tout cela était naturel. Echanges de conversations, de lettres, d'articles, de films, avec Jim Jarmush, Andy Warhol, Helmut Berger, Serge July, Jean Eustache.

Comme j'ai la manie de finir tous les livres que je commence, cette fois-ci, j'ai trouvé des pépites dans certaines nouvelles, notamment « L’absence ». Un petit bijou de littérature. Un hommage à son grand grand ami Jean Eustache.
Oui, Jean-Jacques Schuhl sait aussi être simple, avec la profondeur de toute façon toujours présente, même dans ses écrits les plus « dandy ».

Extrait : « … J'ai peine à imaginer deux personnes aussi passives et capables de ne rien faire si longtemps, strictement rien, une longue torpeur dans les bars, que Jean Eustache et moi, du moins en Occident. Non ! C'est pas juste : il jouait, au baccara, beaucoup ! Et puis les filles... beaucoup – de tout : des belles des moches des travelos du Bois... n'importe... en rentrant fauché du baccara... et il a fini par faire un ou deux films. Moi, très longtemps j'ai continué à ne rien faire. Là-dessus, c'était quand même moi le plus fort, qui ai tenu le plus longtemps. C'est ce qu'il appréciait en moi, je crois, cet aspect ascétique, plus nul que lui. Et puis j'ai cédé à mon tour : il a bien fallu que je commence à vaguement m'y mettre moi aussi... il n'était plus là, quelques autres non plus, j'étais un peu seul alors à ne rien faire, c'est difficile, je ne suis pas un héros quand même ! Je n'avais plus personnes avec qui ne rien dire, ou alors parler pour ne rien dire ! Alors autant un peu travailler, comme les autres... »