Misère de la prospérité : La Religion marchande et ses ennemis
de Pascal Bruckner

critiqué par Colen8, le 13 février 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Un étalon à remettre à sa place
Se prosterner devant l’économie érigée au rand de valeur suprême, comme seul étalon de la réussite et du progrès est un leurre. Maintes fois traité depuis les Lumières le thème du progrès arrimé à la croissance est devenu à ce point central que l’économie est en passe d’occuper la place laissée vacante par le reflux de la spiritualité. Libéralisme, capitalisme, collectivisme sont ici remis dans la perspective de leur contribution au bonheur de l’homme avec une argumentation dialogique(1) qui compose entre les partisans de tel ou tel ordre du monde plus qu’il ne les oppose.
Si l’on se souvient des conditions économiques d’il y a 15 ans, après les attentats du 11 septembre à New-York, après l’éclatement de la bulle internet, l’essai de Pascal Bruckner publié en 2002 brosse un tableau prémonitoire du point où nous en sommes arrivés. Comme si rien n’avait changé malgré la crise mondiale des subprimes et la crise financière qui a mis le monde au bord de l’effondrement entre 2007 et 2011, malgré le chaos des conflits du Moyen-Orient, malgré la croissance insolente des pays émergents, malgré les menaces écologiques. On est frappé par la lucidité de son analyse sur le fond, on admire ses formulations percutantes dans la forme, ce qui donne à cette lecture un relief particulier.
(1) Dialogique au sens que lui donne Edgar Morin