Jours de guerre
de Judith C. Brouste

critiqué par Ocenebres, le 13 avril 2004
(Liège - 67 ans)


La note:  étoiles
Un regard sur ceux qu'il est plus "sain" d'ignorer.
Quant elle rencontre Jean dégoulinant, par sa bouche édentée de vociférations paranoïaques sur les trottoirs de Paris, elles sont loin les années 70 et les vacances à Ibiza ! Mais elle va tenter de prendre en mains cette cloche dont la crasse, le pantalon troué et les souliers béant leur misère l’attire.
Etonnant la reconstruction d’un homme, d’un amour comme on rêve de rebâtir une vieille ruine rencontrée un dimanche à la campagne au détour d’un chemin au milieu de nulle part.
Deux solitudes vivant à des étages différents, l’un dans la noirceur des caves, l’autre avec … des sous. L’argent qui n’est jamais que synonyme d’un nouveau pardessus ou d’une paire de pompes correctes. Et l’amour dans tout ça ? Il viendra, triste, haché par les « je t’aime, je te tue », l’impuissance, l’érection molle.
Un livre qui surprend comme quand un type vous demande gentiment une clope dans la rue avec l’aide d’un cutter. Il me rappelle l’odeur de cadavre pourrissant depuis quelques jours dans la chambre meublée pourrie d’un hôtel pourri où j’ai atterri et vécu une poignée d’années. Antre peuplée de zombies camisolés chimiquement, bourrés au mauvais vermouth ou défoncé à l’héro « mort aux rats ».
A éviter de lire en pleine déprime, mais un livre au ton juste, de perdants magnifiques et plein de pudeur et d’absence de jugement.