Une jeunesse perdue de Jean-Marie Rouart

Une jeunesse perdue de Jean-Marie Rouart

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tanneguy, le 10 février 2017 (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 84 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 282ème position).
Visites : 3 181 

Le démon de midi...

Le narrateur ne devrait pas s'en faire ; tout marche bien pour lui. A la tête d'une revue d'art prospère, il gagne bien sa vie, ses activités professionnelles lui permettent de fréquenter les lieux "branchés" et de rencontrer les gens qui "comptent" dans le microcosme parisien. De plus des arrangements favorables avec son épouse, que ses activités de sous-préfet (je n'aime pas "sous-préfète", ça sonne mal !) retiennent dans la province profonde, lui permettent de mener de son côté une activité sentimentale satisfaisante. Pourtant il n'est pas heureux : il se sent vieillir, il se voit vieillir en particulier dans les yeux des jolies femmes qui étincelaient jadis à sa vue. Il est transparent, il est fini, doit-il se résigner ?

La réponse arrive quand il rencontre Alexandra Orlov une "femme-tempête" qui va l'ensorceler littéralement ; il renaît et vit une passion débridée ( sans doute pas réciproque malgré les apparences, mais il s'en moque ). Ce sera pour lui la dernière mais il ne le sait pas encore.

La plume de Jean-Marie Rouart est légère, élégante, précise et c'est un plaisir de lire quelqu'un qui sait écrire, ce n'est pas fréquent à notre époque de SMS et de "résosocio". Bien sûr l'intrigue est mince, classique et convenue. L'issue de cette aventure est connue d'avance, seul le principal intéressé l'ignore encore... Avec élégance l'auteur laisse ses lecteurs imaginer ce que sera dans les faits la conclusion de l'histoire. "J'avais vécu" sont les derniers mots du narrateur.

Un roman sans prétention mais bien agréable !
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L'adultère, sa tentation et ses risques

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 10 juin 2019

Le narrateur et protagoniste dirige une revue d'art réputée, est marié à une sous-préfète aux relations haut placées et bénéficie ainsi d'un train de vie haut de gamme. Il détient tout pour être heureux, mais il ressent la perte de son charme, de l'attraction physique qu'il exerce chez les jeunes femmes. Le problème est résolu par une rencontre incongrue avec une jeune auteure amatrice d'art dont il a refusé un article sur Balthus, Valentina Orlov. La jeune femme éconduite, furax de ce refus, demande à être reçue sur-le-champ. Il s'apprête à refuser, jusqu'au moment où il prend conscience de sa grande beauté, ce dont il profite pour la scruter. Déconcentré, le congé donné est exécuté par maladresse et confusion. L'intéressé s'en rend compte et comprend l'ampleur de son désir, qui le mène à la relation adultère, là où il découvre que sa femme fait de même, alors qu'elle met une jeune femme à son service à la sous-préfecture.
Ce qui devait arriver arriva : non seulement Valentina, après une aventure fougueuse, rencontre un autre homme qui la propose en mariage, mais de surcroît son épouse multiplie les crasses en représailles, son orgueil et son mode d'existence en prenant un coup.

Ce vaudeville grand-bourgeois à la trame assez convenue reste fort drôle et relève en grande part de l'auto-dérision. Le style alerte et fluide aide à tenir en haleine, la concision du propos et l'absence de description superflue tout autant. Il en ressort que la lectrice et le lectrice sont amenés à passer un bon moment, assez court mais distrayant.

Entre le chagrin et rien !

8 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 27 octobre 2018

Jean-Marie Rouart, académicien, nous invite dans un court roman qui ne se prend pas sérieux pour un sou, une bonne blague enrobée dans une syntaxe délicieuse. Seul le titre reste un mystère pour moi, le reste est un régal.

sic.
" La vie conjugale, comme c'est dans l'ordre, avait calmé nos sens. Après les premières années de lune de miel, nous avions sagement ralenti nos ardeurs avant de procéder insensiblement à une extinction totale des feux. Ce que nous avions perdu en frissons, nous l'avions gagné en paix intérieure. Quel réconfort de pouvoir saisir la main d'une femme qui est plus qu'une amie, plus qu'une soeur ; une sorte de double pacifié qui vous tire vers le meilleur de vous même. "
Voilà comment se trouvait le narrateur (d'après ces propres propos) avant sa rencontre avec Valentina, la femme tempête.
Faulkner avait dit : "Entre le chagrin et rien je choisis le chagrin", c'est exactement le choix que fit cet homme.

Un bilan mitigé

9 étoiles

Critique de Agnesfl (Paris, Inscrite le 14 janvier 2015, 59 ans) - 7 juillet 2017

Une jeunesse perdue
Jean-Marie Rouart

Paul Valéry disait : " Il y a trois sortes de femmes les emmerdantes, les emmerdeuses et les emmerderesses". Jean-Marie Rouart dans son livre explique : " Au lit, il y a les femmes fleuves, alanguies et somnolentes, il y a les femmes fleurs, odorantes, fragiles et fades; les femmes pieuvres, souples, silencieuses et avides, qui s'enroulent sur un corps comme autour d'une proie. Et puis, il y a les femmes tempêtes, violentes, bruyantes, acharnées au plaisir"…
C'est une femme tempête dont il parle dans son livre et dont il va tomber éperdument amoureux. Il parle à la première personne et dès les premières pages il annonce la couleur. Il se sent vieux, et a le sentiment que les femmes ne le regardent plus. " Ne plus être désiré, n'est-ce pas un supplice aussi injuste et cruel que la mort" affirme-t-il?...
Et pourtant!.. Alors qu'il est marié et qu'il dirige une revue d'art, une jeune et très belle femme va se présenter dans son bureau. Quelque temps plus tard, elle se donnera à lui. Et le pouvoir incroyable que cette femme va exercer sur lui est le sujet de ce livre.
Piégé, il en perdra même tout amour-propre…
C'est une belle confession pleine d'authenticité, et de franchise. C'est prenant, et on lit ce livre très vite et très facilement tellement les mots coulent aisément. La lucidité du narrateur tient en haleine, et cette "jeunesse perdue" aboutit à quelque chose de fort et de poignant. Quelle que soit l'issue de l'histoire, l'auteur aura "vécu", et c'est cette réalité qu'il démontre ici…
Agnès Figueras-Lenattier

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