Monsieur le curé fait sa crise
de Jean Mercier

critiqué par Hexagone, le 9 février 2017
( - 53 ans)


La note:  étoiles
Mon curé pète un plomb.
Que de choses à dire pour ce petit livre.
D'abord quelle audace de mettre en couverture un prêtre qui prend ses jambes à son cou et qui de surcroît arbore un col romain. Les tenants de la laïcité doivent s'étrangler en voyant cela sur les têtes de gondoles.
Puis le titre, Monsieur le curé fait sa crise. Diantre, les prêtres ont le droit d'avoir des faiblesses en ce bas monde et surtout les mettre en plein jour ! Tempête dans le bénitier.
Bon d'accord, le livre a bénéficié sur les réseaux sociaux d'une large diffusion. D'abord par des prêtres 2.0 et ensuite par les lecteurs.
Je voulais me détendre gentiment avec un petit livre de vacances, surtout que toutes les critiques de lecteurs sont élogieuses.
Le roman commence gentiment, avec une querelle de dames patronnesses au sein de la paroisse.
On se dit que cela va se dérouler tranquillement que monsieur le curé va gérer ces egos et ces jalousies, sauf que...
Tout s'enchaîne et l'auteur a le talent de passer au peigne fin tous les traits de caractères des paroissiens, de leurs états d'âmes, de leurs aspirations et de leurs combats.
Untel veut défendre mordicus le combat pour la restauration d'une chapelle en ruine au coeur d'un lotissement d'habitations, l'autre s'accapare la direction de la pastorale qu'elle veut moderne tandis que notre brave curé est plus traditionnel.
Restez calme, la paroisse n'est pas celle de Saint Nicolas du Chardonnet, non, il s'agit d'une paroisse que je situerais du côté de Versailles.
Une paroisse qui a mis en oeuvre Vatican 2 avec tout ce que cela peut vouloir dire.
Bref, notre curé n'en peut plus, surtout qu'un poste de professeur bibliste vient de lui échapper, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Lui il veut faire son métier de prêtre et non être un fonctionnaire de la foi.
Ni une , ni deux, le curé n'en peut plus et prend la poudre d'escampette pour s'emmurer dans le cabanon du jardin du presbytère !
Toute la paroisse est aux abois et se met en quête du curé.
C'est une vielle paroissienne qui va découvrir le pot aux roses.
Le curé, muré à l'instar des mystiques médiévaux, va devenir la star des médias et surtout susciter une vive curiosité qui aura la vertu de faire revenir les paroissiens avec en premier lieu la confession de Mado, ex-prostituée, qui va remettre les pendules à l'heure.
Après 40 jours ! de réclusion le prêtre sera libéré non sans mal, car les travaux nécessaires vont faire écrouler la bâtisse et le rendre hémiplégique.
Il intégrera une maison de retraite pour vieux curés et y trouvera le salut et une grande mission lui sera confiée.
Au bilan je dis bravo à l'auteur.
Il nous a fait un livre audacieux par les temps qui courent. On pourrait le prendre à la légère mais le livre est profond, tant il soulève des problèmes de l'Eglise du 21 ème siècle, sans plomber l'ambiance.
Je recommande ce livre à tous les paroissiens, à tous les croyants et aussi aux autres.
Une belle petite histoire rocambolesque au sein d'une paroisse comme il en existe tant.
Le genre de livres qui manque dans les rayons et qui peut dépoussiérer la vision qu'ont les uns et les autres sur l'Eglise.
Métier et vocation 6 étoiles

Benjamin Bucquoy est le curé de la petite commune de Saint-Germain la Villeneuve. Âgé de 50 ans, il est fatigué d’avoir à gérer les inimitiés, les jalousies des bénévoles chargées du fleurissement de l’église, de courir de réunion en réunion, d’assurer les offices aux quatre coins du diocèse, de se soumettre aux lubies d’enseignement des membres laïcs de l’enseignement religieux.
Tout cela sans soutien de la hiérarchie. Monseigneur Jean-Philippe Vignon, son évêque, plus politicien démagogue que défenseur de la pratique de la foi.
Quand une pétition contre lui recueille plusieurs centaines de signatures, et que le poste d’Écriture sainte est attribué à un ami plus jeune que lui, Benjamin craque et fait une fugue.
Une fugue d’une quarantaine de jours, qui va profondément bouleverser la paroisse et même le Vatican, sans compter Benjamin lui même.
"Je voudrais être curé d’une manière différente, qu’il va falloir inventer avec les paroissiens... Oui le prêtre est au service de ses paroissiens, mais le risque est de tomber dans une forme d’activisme où on oublie ce pourquoi le prêtre est là…. nous nous épuisons dans des réunions qui souvent ne servent pas à grand-chose, on nous demande d’appliquer un tas de directives. On passe notre temps sur les routes, à célébrer des sacrements pour des gens qui, au fond, ne veulent pas changer de vie, mais juste se sentir en règle avec un Dieu magique. Je veux cesser de m’éreinter dans mille tâches qui ne relèvent pas directement du sacerdoce."


Si le sort et les états d’âme du héros ne m’ont pas passionnée, ce livre a le mérite de montrer la face cachée de l’iceberg, les dessous d'un "métier" méconnu, qui, comme partout, évolue vers des démarches administratives envahissantes au détriment du rôle premier d’un prêtre catholique.Original et utile.

Marvic - Normandie - 65 ans - 24 mai 2018


Une pépite. 10 étoiles

Ce petit roman bien plus réel pour ceux qui fréquentent ce milieu que tous les traités théologico-liturgiques saura captiver puis émouvoir le lecteur.
Franchi les trois premiers chapitres où l'on déplore cette église oh combien conformiste où le religieusement correct étouffe sous la tolérance et la suavité de laïcs quelquefois tyranniques, le récit nous montre un prêtre ou plus exactement sa véritable nature, ministre incontournable d'un Dieu incarné.
J'ai dévoré cet ouvrage d'un seul trait et en suis ressorti réconforté et confiant en Celui qui est et en ceux qui, en dépit de leur pauvreté, décident de Le suivre. Ces hommes de Bonne Volonté de la nuit de Noël.

A consommer sans modération et à recommander unanimement.

Angel54 - - 70 ans - 29 juin 2017