Les deux bouts
de Henri Calet

critiqué par Cyclo, le 9 février 2017
(Bordeaux - 78 ans)


La note:  étoiles
les petites gens de 1953 vus par un formidable écrivain !
Pour Une commande journalistique de chroniques sur la vie quotidienne des gens de peu de Paris et la proche banlieue, Henri Calet s'est approché en 1953 d'un certain nombre de personnes, a conquis leur confiance et est entré dans leur intimité : on trouvera ici dix-huit portraits que l'auteur retrace avec infiniment de délicatesse, de gens qui, presque tous, ont peine à joindre les deux bouts.
Il y a là un menuisier, une vendeuse de grand magasin, un éboueur, une esthéticienne, un métallurgiste, une crémière, un représentant, une ouvreuse, un apprenti boulanger, une violoniste, un manœuvre, une secrétaire, un manutentionnaire, une masseuse, une danseuse, un chômeur, un receveur d'autobus, un couple de vieux travailleurs. Des hommes, des femmes, des vieux, des mariés et des célibataires, des ouvriers et des employés, des gens de tous les jours.
Il dresse ainsi un portrait quasi sociologique de tranches de vie du Paris de l'époque, vu du côté du peuple et de ses conditions difficiles. Logements insalubres, recherches du travail aléatoires, accidents du travail, santé en berne parfois, loisirs (radio, cinéma, sport, en particulier le cyclisme), mais aussi les rêves et les espoirs de chacun. C'est superbe, ça fait chaud au cœur. De temps en temps, il glisse quelques lettres du courrier des lecteurs reçues après ses chroniques. C'était le temps d'avant la télévision, où ces personnes lisaient encore le journal.
Qui, parmi nos écrivains parisiens actuels, serait capable de dresser un portrait des gens de peu d'aujourd'hui et de s'intéresser à eux ?
Chapeau, Henri Calet ! Et quelle élégance dans l'écriture, pourtant toute simple...